Le gouvernement Pheu Thai envisage de proposer une législation pour empêcher les coups d’État militaires qui renversent des gouvernements élus. Dirigé par Thaksin Shinawatra qui a lui-même souffert de l’arbitraire de l’armée, le parti souhaite modifier une loi du ministère de la Défense pour permettre aux soldats de refuser les ordres en cas de coup d’État, sans subir de sanctions.
La législation vise également à donner au Cabinet le pouvoir d’approuver les promotions des commandants militaires et de nommer le Premier ministre à la présidence du Conseil de défense, remplaçant ainsi le ministre de la Défense. Actuellement, le Conseil de défense est présidé par Phumtham Wechayachai, ministre de la Défense du Pheu Thai.
Des auditions publiques montrent un large soutien à cette législation, avec 89 % des 11 230 participants en faveur de la restriction des pouvoirs des hauts gradés militaires.
De leur côté, les députés de l’opposition du Parti populaire soutiennent cette réforme militaire. À eux deux, Pheu Thai et Parti Populaire regroupent trois Thaïlandais sur quatre. Les partis pro-armée et ultra conservateurs sont marginalisés.
Le député PP, Tanadej Pengsuk note cependant certaines divergences. Le Parti populaire cherche à limiter les pouvoirs du Conseil de commandement suprême, en le transformant en simple organe consultatif.
Tanadej espère que les projets du Parti du peuple et du Pheu Thai seront adoptés en première lecture le 12 décembre, marquant le début des réformes pour un ministère de la Défense plus transparent et démocratique. Le député PP Parit Wacharasindhu souligne que le Pheu Thai s’aligne ainsi sur le projet du Move Forward Party (MFP), visant à réformer les structures militaires héritées du coup d’État de 2006.
La réforme du ministère de la Défense est essentielle pour aligner les structures militaires sur les principes démocratiques, la question n’est pas de savoir « s’il faut » modifier la loi, mais « comment » et « dans quelle mesure » affirme le PP.
Pourtant, le plus dur reste à faire avec une omniprésence de partis pro-armée ou ultra conservateurs (Bumjathai) au sein de la coalition. Par ailleurs, le Bumjaithai aurait noyauté le Sénat. Enfin, peu importe la loi, si l’armée veut fomenter un coup d’État, elle le fera.
D’ailleurs, le vice-Premier ministre et leader du Bhumjaithai, Anutin Charnvirakul, a déclaré que son parti s’opposait aux amendements à la charte visant à empêcher de futurs coups d’État.
Il a déclaré que les hommes politiques devraient se concentrer sur leur travail plutôt que d’empêcher les coups d’État. Il a expliqué qu’un coup d’État est déclenché à cause des hommes politiques. Si ces conditions sont évitées, il n’y aura pas de coup d’État. Même si de nouvelles lois sont adoptées, un coup d’État entraînera toujours la rupture de la constitution qui n’est donc d’aucune utilité. La meilleure approche, a-t-il déclaré, est que les hommes politiques évitent la corruption, prétexte des coups d’État.
On ne sait pas si la sortie étonnante d’Anutin a pour but de faire peur ou d’annoncer un coup d’État à venir.