International art festival. Biennale de Phuket 2025, Saphan Hin Public Park
Phuket affiche des ambitions claires : dépasser les 500 milliards de bahts de revenus touristiques en 2025 et se positionner comme une destination haut de gamme. Le président de l’Association touristique de Phuket, Thanet Tantipiriyakit, insiste sur un virage stratégique vers un tourisme « qualitatif », centré sur le bien-être, la culture et des visiteurs plus respectueux des lois et des communautés locales. Tout le monde aura compris de quelles populations Thanet ne veut plus à Phuket.
Concrètement, l’île dispose déjà d’un outil financier inédit : une taxe de 1 % sur les chambres d’hôtel, qui rapporte près de 300 millions de bahts par an et finance des campagnes de promotion à l’international. Mais derrière cette vitrine, un problème persiste : plus de 5 400 établissements restent non licenciés, ce qui fragilise la régulation et brouille l’image de sérieux que Phuket veut projeter.
Les chiffres montrent pourtant une évolution. En 2024, malgré une fréquentation inférieure à celle de 2019, les recettes ont atteint 490 milliards de bahts. Les touristes dépensent davantage et séjournent plus longtemps : les visiteurs chinois, par exemple, restent désormais en moyenne sept nuits contre deux auparavant, avec des dépenses multipliées par quatre. Cette tendance confirme que la notion de « qualité » ne relève pas uniquement du discours.
Mais pour transformer l’essai, Phuket doit relever des défis structurels. L’aéroport, les transports publics et la sécurité routière nécessitent des investissements urgents. L’environnement reste un talon d’Achille : l’île produit 1 200 tonnes de déchets par jour, mais n’en traite que 700, ce qui menace plages et écosystèmes. Phuket pourrait devenir, à terme, une décharge à ciel ouvert. Des incinérateurs supplémentaires et une meilleure gestion des eaux usées sont indispensables pour crédibiliser l’image d’une destination durable.
La stratégie inclut aussi le développement du tourisme communautaire, avec trois modèles : préserver les modes de vie traditionnels, créer des services inspirés de la culture locale et valoriser les produits artisanaux certifiés. Ces initiatives existent déjà, mais leur généralisation dépendra du soutien financier et logistique de l’État.
Alors, vœu pieux ou mesures concrètes ? Les deux. Phuket dispose d’outils financiers, de données solides et d’une dynamique privée-public qui lui ont permis de rebondir après la pandémie. Mais sans investissements massifs dans les infrastructures et l’environnement, l’ambition de devenir une « Happiness Island for All » ou « île du bonheur universel » risque de rester un slogan. Le prochain test sera la conférence mondiale sur le tourisme durable prévue en avril : l’occasion de prouver que Phuket peut passer du discours à l’action.
Dans tout le pays et depuis une décennie, l’objectif affiché est d’attirer des voyageurs haut de gamme, mais, faute d’une offre adaptée, la Thaïlande reste avant tout une destination de tourisme de masse. Par ailleurs, le côté « à la bonne franquette » que les visiteurs apprécient actuellement pourrait disparaître avec une montée en gamme artificielle.



