Quelques heures seulement après que la commission électorale a officieusement confirmé la victoire du parti Move Forward aux élections générales de dimanche, son chef Pita Limjaroenrat a entamé le processus de formation d’un gouvernement de coalition avec le Pheu Thai et quatre autres petits partis politiques.
Pita estime que la coalition des six partis commandera un total de 309 sièges à la Chambre des représentants.
S’il parvenait à devenir Premier ministre, il serait solide.
« Nous sommes convaincus que nous obtiendrons une majorité pour que la coalition aille de l’avant », a déclaré Pita lors d’une conférence de presse.
Il a déclaré qu’il souhaitait former la coalition dès que possible, afin d’éviter un vide politique. Il voudrait empêcher des actions hostiles de la part des partis de l’actuelle coalition au pouvoir.
Selon le décompte non officiel de la Commission électorale, Move Forward a remporté 151 sièges à la Chambre lors des élections générales – 112 circonscriptions et 39 à la proportionnelle. Pheu Thai en compte 141.
Pita a déclaré avoir téléphoné ce matin à Paetongtarn Shinawatra, candidate au poste de Premier ministre du Pheu Thai, pour inviter le principal parti d’opposition à se joindre à Move Forward pour former une coalition, avec les partis Prachachat, Seri Ruam Thai, Thai Sang Thai et Pentham.
Pita, âgé de 43 ans, a déclaré qu’il n’était pas nécessaire d’inclure des partis faisant partie de la coalition actuellement au pouvoir. Il fait référence à Bumjaithai.
« J’espère que la volonté de la majorité du peuple sera respectée », a-t-il déclaré lorsqu’on lui a demandé de spéculer sur la position du Sénat sur la nomination du Premier ministre.
En vertu de la Constitution actuelle, les 250 sénateurs auront leur mot à dire dans l’élection du Premier ministre. Pita aura besoin du soutien d’au moins 376 députés et sénateurs combinés pour être élu premier ministre. Il faut donc que 67 sénateurs votent pour lui. Des abstentions ne feraient que plonger le pays dans la crise que souhaite les royalistes car, dans ce cas, Prayut restera premier ministre par intérim indéfiniment.
Pita a déclaré que le comité exécutif de Move Forward se réunira cet après-midi (lundi) pour discuter des mesures à prendre immédiatement. Plus tard dans la soirée, le parti organisera une fête pour célébrer la victoire à Bangkok pour remercier ses électeurs. Bangkok où les partis de droite n’ont obtenu qu’un nombre de voix infime montrant à l’armée et « autre » que la capitale leur est farouchement hostile.
D’ailleurs, Dimanche soir, le Premier ministre Prayut Chan-o-cha a déclaré qu’il respectait les résultats des élections.
S’adressant brièvement aux journalistes alors qu’il quittait le siège du United Thai Nation Party, Prayut a remercié ses électeurs. «Je continuerai à accomplir mon devoir au mieux de mes capacités, à quelque titre que ce soit. Et je continuerai à servir la nation, la religion et la monarchie pour le reste de ma vie », a-t-il déclaré.
Une nouvelle fois, il n’a pas dit qu’il a servi ou servirait la population, simple variable d’ajustement dans un monde où selon lui, seules importent la nation, la religion et la monarchie,.
Le Premier ministre sortant a déclaré qu’il souhaitait la paix et l’ordre au pays. Ce sont les arguments présentés par l’armée avant chaque coup d’état.
Sachant qu’il doit se méfier de l’armée, Pita prendra en charge le ministère de la défense. Maintenant, commence pour lui la traversée du champ de mine.
Premièrement, la Commission électorale dispose de 60 jours avant de certifier les résultats des élections. Cela lui donne du temps pour disqualifier les candidats. Étant donné que Pita lui-même fait l’objet d’une enquête sur sa propriété d’actions d’une entreprise disparue, qui, selon ses détracteurs, le disqualifierait, il est possible que le parti perde des candidats en raison de « détails techniques ».
Plus important encore, La position de Move Forward sur la modification de la loi de lèse-majesté fera office de repoussoir pour les sénateurs qui sont sincèrement réactionnaires. Il ne voteront pas pour Pita, non pas par fidélité à l’armée mais parce qu’ils sont opposés à toute idée qui modifie le statu quo. Certains pourraient s’abstenir mais cela ne sera pas suffisant.
Toute autre coalition alternative semble également vouer à l’échec.
Pheu Thai avec Bumjaithai ou des putschistes serait un suicide politique. En effet, le Parti Démocrate est maintenant moribond pour s’être trahi à moult reprises. Pheu Thai a d’ailleurs perdu hier car il n’a pas fermé la porte assez clairement sur sa droite. L’ouvrir carrément le mènerait à sa perte.
