Le chef du Parti Move Forward (MFP), Pita Limjaroenrat, admet que le pays ne peut pas attendre plus longtemps un nouveau gouvernement, affirmant que s’il ne peut pas surmonter l’opposition du Sénat, son partenaire Pheu Thai devrait avoir une chance d’obtenir le poste de premier ministre.
M. Pita a fait ce commentaire dans une vidéo publiée sur son compte Twitter officiel samedi, alors que les huit partis de la coalition se préparent pour une réunion mardi afin d’évoquer la suite.
Le principal sujet de discussion sera de savoir s’il faut présenter à nouveau M. Pita au second tour mercredi, alors qu’il a échoué jeudi 13.
Pour résumer, le 19 le candidat sera Pita (sauf si) et le 20 un candidat PT.
« Il nous reste deux batailles pour aboutir à la mise en place d’un gouvernement qui correspond au souhait de l’opinion publique », a déclaré M. Pita.
« La première bataille … est le vote pour le Premier ministre le 19 juillet, et la seconde est une proposition d’amendement à l’article 272 de la constitution pour réduire le pouvoir des sénateurs concernant le choix du Premier ministre.
« Nous ne gagnerons jamais ces batailles si nous ne pouvons pas changer l’état d’esprit des sénateurs pour qu’ils acceptent de se trouver du côté du peuple.
Au vu des circonstances et de l’attitude des sénateurs, » je suis prêt à ouvrir la voie au parti Pheu Thai et laisser lui le leadership pour établir un gouvernement de coalition dans le cadre du protocole d’accord que nous avons conclu.
« Tous les représentants du parti Move Forward sont prêts à soutenir les candidats au poste de Premier ministre du parti Pheu Thai.
Des personnalités du Pheu Thai et de Move Forward se sont entretenues vendredi soir pour discuter du second tour et de la situation, a déclaré une source sûre.
Ils ont évalué ce que les sénateurs et les partis pro-armée pourraient faire comme par exemple désigner Prawit candidat Premier ministre. Cela mettrait la coalition à mal et le Pheu Thai en porte à faux. Ce serait le niveau zéro de la vie politique.
Le général Pol Sereepisuth Temeeyaves, chef du parti Seri Ruam Thai, l’un des huit alliés de la coalition, a déclaré qu’essayer de modifier l’article 272 était futile.
Il rappelle que, outre Prawit Wongsuwon, du parti Palang Pracharath, l’armée pourrait même proposer le général Prayut Chan-o-cha comme candidat premier ministre mercredi. Ce dernier a déclaré qu’il se retirait de la politique, mais il est toujours officiellement candidat au poste de Premier ministre.
En tout cas, Sereepisuth pense que les chances de victoire de M. Pita sont minces.
Certains analystes politiques pensent que même le Pheu Thai pourrait trouver des sénateurs hostiles à son candidat si le parti reste dans une alliance avec Move Forward, tant ce dernier est craint par le régime. En fin de compte, a concédé Sereepisuth, le Pheu Thai pourrait devoir former un gouvernement avec Bhumjaithai ou les démocrates pour obtenir les 376 voix de son candidat.
« Il y a des forces de l’ancien pouvoir qui font pression sur le Sénat ainsi que certains capitalistes – conglomérats qui ne veulent pas voir un gouvernement Move Forward », a déclaré le secrétaire général du parti, Chaithawat Tulathon.
Il ne faut pas oublier que la commission électorale a recommandé la disqualification de Pita pour l’affaire iTV, suivie quelques heures plus tard par l’annonce par la Cour constitutionnelle qu’elle s’était saisie d’une plainte concernant le projet de son parti d’amender la loi 112. D’autres affaires, souvent sans fondement, sont prêtes à sortir et ressemblent à de l’acharnement. Le but étant d’empêcher par tous les moyens l’arriver au pouvoir de force réformatrices.
Les tensions politiques et la volonté du régime d’empêcher Pita de gouverner étaient attendues. Depuis deux décennies, la Thaïlande est plongée dans une lutte de pouvoir entre des partis réformateurs qui remportent les élections et un réseau de vieux riches royalistes et de militaires déterminés à les étouffer.
Les groupes pro-démocratie ont appelé à des manifestations. Un groupe d’activistes, le United Front of Thammasat and Demonstration, s’en est pris aux sénateurs et à ceux qui se sont abstenus lors du vote, les qualifiant de veules et de « toxiques pour la volonté du peuple ».
L’incertitude a pesé sur le baht thaïlandais et les milieux d’affaires n’en peuvent plus d’attendre un gouvernement. La perspective de manifestations si le gouvernement ne correspond pas aux résultat des élections les inquiète aussi.
Les experts considèrent que même si Pheu Thai et Move Forward forment un gouvernement ensemble, il pourraient avoir une relation conflictuelle. En surface, ils se sont positionnés comme des entités pro-démocratiques partageant leur même haine de Prayut Chan-o-cha.
Cerise sur le gâteau, Pheu Thai serait, toujours selon les connaisseurs, le jouet de Thaksin et un retour de celui-ci en juillet aurait encore plus brouillé les pistes.
Mais voilà que L’ancien Premier ministre thaïlandais Thaksin Shinawatra a reporté indéfiniment son retour au pays, selon sa fille Paetongtarn Shinawatra.
Thaksin est séparé de sa famille depuis près de 17 ans lorsqu’il a fui la Thaïlande pour éviter diverses poursuites judiciaires liées à son mandat de Premier ministre.
Même longtemps après son départ, il continue d’influencer la politique thaïlandaise aujourd’hui malgré ses déclarations continuelles selon lesquelles il n’a plus rien à voir avec la politique.
