La Cour constitutionnelle de Thaïlande a refusé mercredi d’examiner un recours du vainqueur des élections, Pita Limjaroenrat, sur sa tentative de devenir Premier ministre, ouvrant ainsi la voie à un nouveau vote au Parlement pour choisir un chef du gouvernement. Ce nouveau vote mettrait ainsi un terme à l’impasse politique dans laquelle se trouve le pays depuis les élections générales de mai.
La Cour constitutionnelle a indiqué dans un communiqué avoir «décidé à l’unanimité de ne pas examiner le recours» qui portait sur le refus d’accorder à Pita Limjaroenrat, chef de file du parti réformiste Move Forward (MFP), un second vote au Parlement, après son échec initial. Le MFP était arrivé largement en tête lors du scrutin du 14 mai, grâce au soutien massif d’une jeunesse avide de changements profonds dans le royaume, gouverné par l’armée depuis quasiment une décennie et qui interfère depuis 8 décennies.
Mais Pita Limjaroenrat, 42 ans, formé dans la prestigieuse université d’Harvard, a été battu dans sa course au poste de Premier ministre par un ensemble de forces conservatrices effrayées par la volonté du MFP de réformer la stricte loi de lèse-majesté qui protège le roi et sa famille contre toute critique.
Il s’était retiré de la course après le rejet de sa candidature par le Parlement qui a refusé de lui accorder un deuxième vote. C’est la constitutionnalité de ce refus d’un nouveau vote qui était portée devant la Cour constitutionnelle.
Après le retrait de Pita Limjaroenrat, la coalition pro-démocratie qui le soutenait a éclaté et le Pheu Thai, principal allié du MFP et arrivé en deuxième position aux élections, tente de constituer une nouvelle majorité autour de son candidat, l’homme d’affaires Srettha Thavisin.
Poids lourd de la politique dirigé en sous-main par la famille Shinawatra qui compte deux anciens Premiers ministres évincés par des coups d’État, le Pheu Thai a entamé des discussions avec l’ensemble du spectre politique, y compris certains partis ayant participé au coup d’État de 2014, s’attirant les foudres de la sphère pro-démocratie. Le Pheu Thai est prêt aujourd’hui à diriger un gouvernement sans le MFP et se dit convaincu d’obtenir les voix nécessaires au Parlement.
Thaksin Shinawatra, 74 ans, le patriarche du clan Shinawatra, ex-Premier ministre de 2001 à 2006 en exil à Dubaï, pour échapper à une condamnation pour corruption qu’il estime motivée politiquement, a annoncé par ailleurs par l’entremise de sa fille qu’il rentrerait prochainement au pays.
Le président de la Chambre, Wan Muhamad Noor Matha, a fixé le mardi 22 août comme date de la prochaine séance conjointe du parlement thaïlandais pour sélectionner un nouveau Premier ministre. Il s’agira du « 3e tour ».
Wan Muhamad a déclaré aux journalistes qu’il demanderait à l’équipe juridique d’examiner les détails de la décision de la Cour et discuterait de la question avec les chefs de la Chambre et du Sénat ce jeudi à 14 heures.
Wan Muhamad a déclaré qu’il s’attend à ce que député Move Forward Rangsiman Rome, fasse de l’obstruction mardi ajoutant que la discussion devra être menée selon les règles. Au cours de la dernière séance du parlement, Rangsiman avait fait de l’obstrcution. Wan Muhamad a alors ordonné la fin abrupte de la séance.
Mais le plus important est à venir. La Cour constitutionnelle a accordé au parti Move Forward et à son chef, Pita Limjaroenrat, 30 jours supplémentaires pour fournir des explications dans une affaire qui pourrait potentiellement conduire à la dissolution du parti. Le MFP et Pita font actuellement face à une plainte de l’avocat Teerayut Suwankesorn. Il a demandé au tribunal de déterminer si les efforts du parti pour amender la loi de lèse-majesté équivalaient ou non à une tentative de renverser le système de la monarchie constitutionnelle.
La Cour a dissout moult partis opposés au régime pour moins que cela. MFP devrait selon toute logique être dissout et ses chefs bannis de la vie politique. Si tel n’était pas le cas (jugement fin septembre), on pourrait interpréter cette mansuétude comme une certaine méfiance vis à vis de la population qui supporte de plus en plus mal la mainmise du régime sur le pays.
Le chemin du candidat Pheu Thai vers le poste de premier ministre Srettha Thavasin même s’il est court (5 jours) s’annonce difficile car les sénateurs et les partenaires de la coalition continuent de questionner sa candidature et critiquer son style de travail.
Chuwit Kamolvisit, le lanceur d’alerte dont le cancer progresse rapidement, affirme qu’il révélerait plus de détails sur un autre scandale immobilier (Sukhumvit Soi 12) d’ici lundi qui met en cause Srettha. A date les accusations de Chuwit ne montrent pas des malversations pires que toutes celles qui concernent les riches en général sur la terre qui cherchent des moyens plus ou moins légaux pour ne pas payer de taxe, laissant cette tâche aux pauvres.
Politicien cherchant à monter les échelons selon Arun de Matichon
