
Wanchalerm. Il a disparu à Phnom Penh dans des conditions parfaitement documentées mais les gouvernements cambodgiens et thaïlandais n'ont pas vraiment enquêté.
La Commission nationale des droits de l’homme (NHRC) a soumis au ministère de la Justice un rapport concernant neuf militants politiques thaïlandais auto-exilés qui ont disparu dans les pays voisins, exhortant le gouvernement à poursuivre sérieusement ces affaires.
Sayamol Kaiyoorawong, membre de la NHRC, a révélé mardi qu’elle avait remis le rapport concernant la disparition des militants ayant fui vers les pays voisins à Somboon Muangklam, du ministère de la Justice et Tawee Sodsong du comité contre la Torture et les disparitions forcées.
Mme Sayamol a déclaré que la NHRC avait enquêté sur des plaintes concernant neuf personnes disparues qui avaient demandé l’asile politique au Laos, au Cambodge et au Vietnam entre 2017 et 2021 (période Prayut). Elles s’appellent Ittipon Sukpaen, Wuthipong Kochathamakun, Surachai Danwattananusorn, Chucheep Chiwasut, Kritsana Thapthai, Siam Theerawut et Wanchalearm Satsaksit.
Les deux derniers – Chatcharn Buppawan et Kraidej Luelert – sont décédés. Leurs corps ont été retrouvés coulés dans du béton à la frontière avec le Laos (Mékong) fin 2018. La thèse du suicide serait écartée.
Tous les cas impliquent des personnes qui ont violé la loi sur la criminalité informatique, l’article 112 – lèse-majesté – ou qui ont porté atteinte à la stabilité politique.
La NHRC affirme que le gouvernement a fait preuve de négligence dans la poursuite de ces affaires. La NHRC constatant qu’il n’y a aucun progrès en arrive à penser que des agences d’État seraient impliquées.
Selon la NHRC, les agences d’État n’ont pas coopéré avec les gouvernements des pays voisins pour poursuivre les dossiers afin de connaître le sort des sept militants restants.
Les agences d’État doivent respecter les procédures légales pour établir les raisons de leur disparition et traduire les auteurs, le cas échéant, en justice, indique le communiqué.
En outre, le gouvernement doit fournir une indemnisation à leurs familles, comme le stipule la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées a ajouté l’agence.
Mme Sayamol a déclaré que les militants disparus ont en commun qu’ils avaient des opinions différentes de celles du gouvernement (Prayut), ce qui en faisait des opposants ou des dissidents.
La NHRC a également exhorté le gouvernement à accélérer la ratification du Protocole à la Convention contre la torture et les traitements cruels, inhumains ou dégradants.
La liberté de la presse étant largement limitée en Thaïlande, il n’est pas possible d’en dire plus mais ceux qui s’intéressent à ces cas savent très bien qui a fait quoi.
La NHRC est une agence d’état supposée indépendante mais qui n’a fonctionné que de manière épisodique sous le régime Prayut car elle considérait sa liberté entravée. Il ne s’agit pas d’une ONG ou d’une association militante.
La Thaïlande est devenue ce 13 juin « État partie à la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées », la huitième Convention des Nations Unies relative aux droits de l’Homme à laquelle ce pays adhère. La France, ce même jour, appelle la Thaïlande à mettre en œuvre de manière effective cette Convention ainsi que sa loi de 2022 sur la prévention et la répression de la torture et des disparitions forcées.