
L'armée thaïlandaise a commencé à sceller les temples de la frontière à son avantage.
Le 29 juillet vers 22h, des échanges de tirs ont eu lieu à la frontière thaïlando-cambodgienne, impliquant des unités cambodgiennes avancées près du temple de Ta Kwai (Surin) et du site stratégique Phu Ma Kuea (Si Sa Ket). Des combats avec armes légères ont également été signalés à Chong An Ma et Chong Bok (Ubon Ratchathani), toutes sous contrôle thaïlandais depuis l’aube.
Malgré un cessez-le-feu conclu lundi en Malaisie, des affrontements sporadiques se sont poursuivis, mettant en doute l’engagement du Cambodge. Cependant, les observateurs considèrent qu’il s’agit de soldats cambodgiens isolés et dépités, et non d’une stratégie gouvernementale. En effet, les troupes cambodgiennes ont subi une véritable humiliation en perdant 11 positions qui, pour en être minuscules n’en sont pas moins symboliques.
Donald Trump a conditionné la reprise des négociations commerciales américano-thaïlandaises à une trêve durable entre les deux pays. Après avoir échangé avec leurs dirigeants par téléphone, Washington pourrait reprendre les pourparlers, mais l’instabilité à la frontière fragilise ces avancées.
Le diplomate américain Sean O’Neill, auditionné au Sénat pour le poste d’ambassadeur à Bangkok, a dénoncé les violences meurtrières (43 morts, 300 000 déplacés), les qualifiant d’« inutiles » et délétères pour l’alliance bilatérale. Un euphémisme pour dire « la guerre la plus bête du monde ».
Selon les analystes de Bualuang (Bangakok Bank), Krungsri et KGI Securities, le conflit risque d’alimenter la volatilité boursière et de perturber le commerce frontalier. Wikij Tirawannarat, Bualuang, évoque le double impact du conflit et des mises en garde du président Trump sur les négociations tarifaires.
Padermpob Songkroh (Krungsri) estime que la Thaïlande pourrait subir des droits de douane américains de 18 %, avec une croissance anticipée du PIB à 2,3 % en 2025. KGI envisage même un taux final de 19 à 20 %, mais juge le cessez-le-feu indispensable pour aboutir à un accord avant la date limite du 1er août.
Alors que les États-Unis ont signé des accords avec l’UE, la Chine et plusieurs pays d’Asie du Sud-Est, la Thaïlande reste confrontée à des menaces intérieures : inondations, ralentissement économique et incertitudes géopolitiques.
Sean O’Neill a en outre mis en garde contre toute reconnaissance des élections organisées par la junte militaire au Myanmar, appelant Bangkok à ne pas cautionner un processus excluant plus de la moitié du pays. Il préfère prendre les devants, sachant que la Thaïlande manifeste régulièrement une certaine indulgence envers le régime militaire du Myanmar.