
Les candidats au poste de Premier ministre tels que présentés par les partis en 2023. Ce devrait être l'un d'eux si Paetongtarn démissionne.
Le gouvernement de Paetongtarn Shinawatra ne devrait pas recourir à la dissolution de la Chambre des représentants pour que le pays retrouve un peu de stabilité politique, suite à une fuite d’un appel téléphonique entre la Premier ministre et Hun Sen, l’ancien Premier ministre cambodgien, a déclaré la Confédération des employeurs du commerce et de l’industrie thaïlandais (EconThai).
Le vice-président d’EconThai, Tanit Sorat, alerte sur les risques d’un vide de pouvoir en cas de dissolution de la Chambre, ce qui retarderait la formation d’un nouveau gouvernement de 5 à 6 mois. Ce contexte complique une situation déjà tendue : économie faible, conflit avec le Cambodge et négociations commerciales avec les États-Unis.
La Première ministre, critiquée pour une fuite téléphonique sur le différend frontalier, est poussée à démissionner mais tente de rester en poste. Le retrait du parti Bhumjaithai affaiblit encore la coalition. Cette instabilité pourrait dissuader les investissements étrangers.
Beaucoup d’observateurs partagent la vision de Tanit. Ainsi, les opérateurs touristiques insistent sur le fait qu’un coup d’État doit être évité à tout prix, a déclaré le Conseil du tourisme de Thaïlande (TCT).
Le Parti populaire veut retourner devant les électeurs alors que c’est le pire moment pour lui. Ses nouveaux dirigeants sont encore largement inconnus et la population se place, actuellement, davantage derrière son armée que dans une démarche de progrès.
Le chef du parti Ruam Thai Sang Chart (pro-armée, créé pour Prayut Chan-o-cha), Pirapan Salirathavibhaga, se positionne pour le poste de Premier ministre. Il souhaite que Thaksin, patron de facto de la coalition, le nomme à la place de sa fille Paetongtarn, terriblement fragilisé. Pirapan plairait à l’armée et cela pourrait dissuader les militaires de fomenter un coup d’État. Il pourrait tenir tête à Hun Sen, maintenant totalement incontrôlable. Et surtout, Premier ministre, il n’aurait pas la tentation de rejoindre Bumajaithai dans l’opposition pour couler la coalition.
Thaksin, terriblement fragilisé, doit absolument donner des gages aux partis de la coalition s’il ne veut pas qu’elle explose.
Certains souhaitent que le Parti Pheu Thai remplace Paetongtarn par le 3e candidat du Pheu Thai, Chaikasem Nitisiri, pour éviter une dissolution de la Chambre. Le Pheu Thai avait annoncé trois candidats après les élections de 2023, comme le veut la loi. Les deux premiers Srettha Thavisin et Paetongtarn Shinawatra sont grillés. La solution Chaikasem, un homme jugé malade, n’est pas viable à terme.
D’autres candidats ont été proposés, dont le putschiste, Prayut Chan-o-cha et Anutin Charnvirakul de Bhumjaithai autour d’une nouvelle coalition possiblement minoritaire, puisque le Parti du peuple a exclu de soutenir Anutin comme Premier ministre, a déclaré le leader de l’opposition, Natthaphong Ruengpanyawut.
Un enjeu crucial est de comprendre la position de l’armée : comment elle perçoit la situation et envisage-t-elle une intervention, notamment face aux appels au coup d’État. Cette situation est exacerbée par les préoccupations sécuritaires persistantes concernant la frontière entre la Thaïlande et le Cambodge, ainsi que par les tensions politiques internationales. Sans gouvernement ou avec un gouvernement militaire illégitime, il sera difficile de négocier avec les États-Unis.
À l’heure actuelle, les partis politiques sont convaincus que l’armée n’interviendra pas, car cela porterait préjudice à l’image générale du pays, un argument qui n’a jamais empêché l’armée de fomenter des coups d’État en Thaïlande.
Deux projets de loi importants sont prévus pour un débat parlementaire en juillet : les deuxième et troisième lectures du projet de loi de finances 2026, et un projet de loi visant à légaliser les casinos au sein des complexes de loisirs. L’échec de l’un ou l’autre pourrait accroître la pression sur le gouvernement pour qu’il dissolve la Chambre.
Les militants anti-Thaksin, ont annoncé vendredi une importante manifestation antigouvernementale le 28 juin à 16 h au Monument de la Victoire. Cette annonce a été faite après la rencontre de deux douzaines de leaders pro-coup d’État. L’armée thaïlandaise est prompte à céder aux prières de ceux qui lui demande de fomenter.