
La récente flambée de violence à la frontière thaïlando-cambodgienne, qui s’est soldée par un cessez-le-feu le 28 juillet après cinq jours de heurts, commence à avoir des répercussions concrètes sur les entreprises thaïlandaises, notamment dans la province de Chonburi. Selon Channel 7, des secteurs clés comme la construction et la fabrication de bateaux sont confrontés à une pénurie de main-d’œuvre, en raison du départ massif de travailleurs migrants cambodgiens.
Les employeurs thaïlandais, dont les effectifs reposent largement sur la main-d’œuvre cambodgienne, peinent à maintenir leurs activités. Chitipat Janthong, entrepreneur dans le bâtiment, déplore la perte de dizaines d’ouvriers malgré ses efforts pour les retenir. Il souligne que les Cambodgiens sont appréciés pour leur sérieux et leurs compétences. Aujourd’hui, il ne lui reste que sept employés cambodgiens.
Le départ de quelque 50 000 travailleurs par le poste-frontière de Baan Laem à Chanthaburi jusqu’au 6 août s’explique en grande partie par les pressions possiblement exercées par le gouvernement cambodgien. Des menaces de retrait de citoyenneté, de saisie de biens et de suppression des services consulaires ont été relayées par des proches et des chefs de village, semant la panique parmi les migrants. Mais on ne sait pas si ce discours alarmiste reposait sur de vraies informations.
Certains « Cambodgiens de Thaïlande » ont même été avertis par des « Cambodgiens du Cambodge » qu’ils risquaient des agressions en Thaïlande, notamment dans les hôpitaux.
Malgré ces pressions, certains travailleurs choisissent de rester. Dam, ouvrier dans la construction, refuse de rentrer au Cambodge car il doit rembourser un prêt immobilier. Son employeur l’a encouragé à rester, tout comme Ta, 34 ans, employé dans un chantier naval à Pattaya, qui affirme être bien traité et respecté par les Thaïlandais. Tous deux expriment leur désir d’éviter un conflit entre les deux pays et de préserver la paix.
Sitthikorn Pomthong, constructeur de bateaux, indique que plus de la moitié de ses ouvriers cambodgiens ont quitté son usine à Huai Yai. Malgré ses garanties de sécurité, les rumeurs ont eu raison de la confiance des travailleurs. Son entreprise fait désormais face à une grave pénurie de main-d’œuvre.
En parallèle, l’armée thaïlandaise a renforcé la sécurité à la frontière en installant 16 kilomètres de barbelés dans la province de Sa Kaeo. L’objectif est de limiter les traversées illégales, souvent utilisées par des trafiquants de drogue, des migrants clandestins ou des escrocs.