
Une ONG a ajouté la Thaïlande à sa « liste de surveillance » des pays connaissant un déclin rapide des libertés civiques car les dissidents y sont injustement poursuivis.
La Thaïlande fait désormais partie des 50 pays classés « oppresseurs » par Civicus Monitor. Ce n’est pas le niveau le plus bas dans le classement (celui des dictatures complètes) mais l’avant dernier. Cette note est généralement attribuée aux pays où l’espace civique est fortement contrôlé par le pouvoir, qui imposent des contraintes juridiques et pratiques à la pleine jouissance des droits fondamentaux.
Civicus Monitor, une alliance mondiale dédiée au renforcement de l’action citoyenne dans le monde, fondée en 1993 et qui compte aujourd’hui 8 500 membres dans plus de 175 pays, a déclaré que le gouvernement thaïlandais utilise toujours la loi sur lèse-majesté (article 112) pour arrêter et condamner des militants politiques.
« Les tribunaux refusent régulièrement la libération sous caution aux personnes inculpées. Depuis début 2020, plus de 270 personnes ont été inculpées pour violation de la loi 112 et au moins 17 sont en détention provisoire », a déclaré Civicus.
Nos lecteurs connaissent déjà la plupart des cas que Civicus égraine dans son rapport.
La possible utilisation du logiciel espion Pegasus par le régime contre les opposants inquiète également Civicus.
Civicus est aussi préoccupé par la répression à l’encontre des ressortissants étrangers cherchant à obtenir la protection des réfugiés en Thaïlande.
Les gouvernements étrangers harcèlent des dissidents et des militants exilés au vu et au su des autorités thaïlandaises et parfois avec leur coopération. Ainsi, le dissident réfugié vietnamien Y Quynh Bdap a été arrêté en Thaïlande le 11 juin 2024 et risque d’être expulsé. Des Chinois et Cambodgiens sont également visés par les services secrets de ces pays sous l’œil bienveillant de la Thailande. A charge de revanche.
« Il est extrêmement inquiétant qu’un pays qui cherche à siéger au Conseil des droits de l’homme de l’ONU facilite le harcèlement, la surveillance et la violence physique des militants étrangers cherchant refuge en Thaïlande. », a ajouté Civicus.
La dissolution du parti Move Forward, le plus populaire du pays, violerait les droits à la liberté d’association et saperait les progrès réalisés pour restaurer la démocratie après 9 ans de régime militaire, a ajouté Civicus.
Dans les faits, le premier ministre Srettha Thavisin, lui-même dans le viseur du régime, ne peut pas s’opposer au fait que ce régime continue de gouverner la Thaïlande dans les domaines régaliens, laissant les sujets sociétaux et économiques au gouvernement. Partant la situation des droits de l’homme continue de se dégrader dans le royaume.