L’administration du Premier ministre Srettha Thavisin s’apprête à réviser la stratégie nationale sur 20 ans établie par la junte militaire, affirmant qu’elle devrait être plus flexible et s’adapter à un monde en évolution rapide.
M. Srettha a déclaré mercredi lors d’une réunion du comité de stratégie nationale qu’il ne croyait pas à une planification trop lointaine, en particulier pour un parcours national qui repose sur une perspective s’étendant sur 20 ans.
« De nos jours, il est difficile de planifier ne serait-ce qu’à cinq ans », a-t-il déclaré.
La réunion au siège du Gouvernement s’est déroulée en présence du président de la Chambre des représentants Wan Muhamad Noor Matha, du président du Sénat Pornpetch Wichitcholchai et de hauts fonctionnaires, dont le secrétaire permanent de la Défense.
La stratégie a été mise en œuvre le 8 octobre 2018 sous l’administration Prayut Chan-o-cha, donc avant les élections de 2019, à une époque où le général dirigeait encore une junte militaire non-élue qui avait fomenté un coup d’état.
En vigueur jusqu’en 2037, elle repose sur une approche visant à rendre le pays sûr, prospère, durable et à atteindre le statut de pays développé. La stratégie est guidée par le principe de suffisance énoncé par feu le roi Rama IX.
Les gouvernements ultérieurs sont liés par la stratégie visant à améliorer le bien-être de la population, à accroître la compétitivité du pays grâce au développement économique et à une meilleure répartition des revenus, à améliorer les ressources humaines, à créer l’égalité sociale, à maintenir la diversité des espèces (écologie) et la durabilité environnementale et à parvenir à une gestion efficace de l’État.
Personne ne peut s’opposer à ces objectifs mais Prayut lui-même n’a rien fait pour les atteindre.
Cette stratégie à 20 ans permet d’empêcher un premier ministre élu. En effet, si Strttha ou un autre prend une décision qui déplaît à l’armée, il sera facile de prétendre qu’elle est incompatible avec la « stratégie à 20 ans », même si cela ne veut rien dire.
Selon la constitution de 2017, toutes les agences gouvernementales et organisations publiques doivent se conformer aux plans directeurs et les allocations budgétaires doivent y être conformes.
Toute politique proposée par un parti politique doit s’inscrire dans le cadre stratégique national. La déclaration de politique ou les allocations budgétaires d’un gouvernement doivent également y être conformes.
Les sénateurs, nommés par la junte, sont chargés de contrôler le respect de la stratégie.
Cependant, le plan stratégique national sur 20 ans promu par la junte est critiqué comme étant un outil permettant de poursuivre les politiques de la junte à l’avenir. Dans un monde en évolution rapide, le plan à long terme est accusé d’être trop rigide en raison de son inscription dans la loi et de bloquer de nouvelles idées de développement.
M. Srettha a déclaré que le plan devait évoluer avec le temps. Les nouvelles technologies et tendances imposent de repenser les priorités dans la formulation des politiques gouvernementales, a-t-il déclaré.
« Prenons l’exemple de l’énergie propre. Lors de mes voyages à l’étranger, c’est la toute première question amenée à la table des négociations », a-t-il déclaré. En outre, le paysage géopolitique mondial est remodelé par des conflits tels que les frictions commerciales croissantes entre la Chine et les États-Unis.
M. Srettha a souligné la nécessité d’affiner les stratégies pour refléter l’évolution de l’environnement. Le royaume ne peut pas suivre une trajectoire rigide définie à un instant T alors que tout a changé depuis.
« Nous ne voulons pas que les générations futures des 20 prochaines années soient liées aux idées des personnes plus âgées (voire décédées). Elles devraient être libres de choisir la direction dans laquelle orienter leur stratégie. »
La stratégie nationale peut cependant être révisée tous les cinq ans et pourra être modifiée lorsque la situation aux niveaux mondial ou national le justifie, mais un examen parlementaire doit être demandé au préalable. Nul doute que les sénateurs exerceront leur pouvoir.
