
Le temple Wat Phra Bat Nam Phu, célèbre hospice pour patients atteints du VIH situé à Lop Buri, traverse une crise majeure après la chute de son ancien abbé, Phra Alongkot Tikkhapanyo. Accusé d’usurpation d’identité, de blanchiment d’argent et de détournement de dons, il a quitté la vie monastique en août 2025, provoquant une onde de choc dans la communauté bouddhiste et une chute brutale des donations.
Fondé en 1992, l’hospice avait acquis une renommée nationale et internationale, attirant des millions de bahts en dons mensuels. Mais depuis la révélation du scandale, certains jours n’ont vu aucun don. En conséquence, environ 200 patients séropositifs vont être transférés vers des structures publiques ou des fondations privées, selon un plan coordonné par les autorités provinciales et les ministères de la Santé et du Développement social.
Les patients seront répartis en deux groupes : les plus autonomes seront pris en charge par des fondations, tandis que les 13 patients grabataires seront confiés à quatre organisations spécialisées. Le projet Thammarak Nivet 2, lié au temple, sera géré par les services provinciaux.
Le scandale a révélé que Phra Alongkot, né Krai Phetkaew, avait usurpé l’identité d’un ancien camarade décédé pour entrer dans les ordres en 1986. Il avait prétendu détenir des diplômes d’ingénierie et reçu plusieurs doctorats honorifiques, tous fictifs. Son ascension reposait sur une image soigneusement construite, notamment à travers des récits émouvants sur son passé et son engagement envers les malades du sida.
Les enquêteurs estiment que plus de 30 personnes pourraient être impliquées dans le réseau de fraude, avec des détournements atteignant plusieurs milliards de bahts. Son proche collaborateur, l’influenceur Seksan “Mor Bee” Sapsubbsakul, est également poursuivi. Ensemble, ils auraient utilisé les dons pour acquérir des biens immobiliers, des voitures de luxe et financer des proches.
Malgré la chute de son fondateur, le temple continue d’accueillir des patients, bien que leur nombre ait fortement diminué depuis le pic de 2 000 personnes il y a vingt ans. L’arrivée des traitements antirétroviraux a transformé la prise en charge du VIH en Thaïlande, mais le scandale soulève des questions profondes sur la transparence des institutions religieuses et la protection des plus vulnérables.