
Face à une conjoncture économique morose, la Banque de Thaïlande a décidé mercredi de réduire son taux directeur à 1,50 %, soit son niveau le plus bas depuis fin 2022. Il s’agit de la quatrième baisse en dix mois, dans un contexte marqué par la montée des droits de douane américains, une inflation en berne et un secteur touristique en perte de vitesse.
Malgré une croissance attendue de 2,3 % en 2025, les perspectives restent fragiles. Les exportations, en hausse de 15 % au premier semestre, ont été dopées par l’anticipation des nouvelles taxes américaines, mais celles-ci pèsent désormais lourd : les importations thaïlandaises sont taxées à hauteur de 19 %. Le risque de récession technique reste faible, selon le sous-gouverneur Sakkapop Panyanukul, mais la banque centrale se dit prête à assouplir davantage sa politique en cas de choc.
Le départ du gouverneur Sethaput Suthiwartnarueput en octobre, remplacé par Vitai Ratanakorn, pourrait accélérer ce cycle d’assouplissement. HSBC prévoit un taux directeur à 1,00 % d’ici début 2026. Le baht, en hausse de 6 % face au dollar cette année, commence à peser sur la compétitivité, notamment dans le tourisme.
Le secteur touristique, pilier de l’économie, montre des signes de faiblesse. Les recettes générées entre janvier et août atteignent 938 milliards de bahts, loin de l’objectif annuel de 1 770 milliards. Les arrivées étrangères ont chuté de 6 %, avec une baisse marquée des touristes chinois, attirés par le Japon et son yen faible.
La sécurité reste un point noir : des incidents récents ont entamé la confiance des voyageurs. Et l’on ne sait pas si la « guerre la plus bête du monde » contre le Cambodge est de nature à les rassurer. Les professionnels du secteur appellent à des mesures urgentes pour restaurer l’image du pays. À Pattaya, les hôteliers peinent à maintenir leurs taux d’occupation en semaine, malgré des pics durant les longs week-ends.
Le programme de subvention pour stimuler le tourisme intérieur a bénéficié aux grandes structures, mais les petits hôtels, confrontés à un manque de cash-flow, peinent à suivre. Les opérateurs réclament une transition vers une application plus efficace pour gérer ce programme, mais le gouvernement refuse, invoquant des raisons de concurrence bancaire.
Dans ce climat incertain, la Thaïlande tente de maintenir le cap, mais les défis structurels et conjoncturels s’accumulent.