
Le monde des affaires thaïlandais a décidé de frapper fort contre la corruption. Le Comité permanent du commerce, de l’industrie et de la banque (JSCCIB), qui regroupe la Chambre de commerce, la Fédération des industries et l’Association des banquiers, a annoncé la création d’un groupe de travail baptisé “Zero Corruption: JSCCIB and Friends Won’t Tolerate It”. Objectif : renforcer la transparence, restaurer la confiance des investisseurs et garantir un environnement économique compétitif.
Poj Aramwattananont, président du JSCCIB, a expliqué que cette initiative consolidera les propositions du secteur privé et de la société civile pour les transformer en recommandations concrètes à l’attention du gouvernement. Le projet s’inscrit dans la continuité de Reinvent Thailand et vise à instaurer une gouvernance solide et durable.
Le groupe de travail rassemble des acteurs variés : organisations de la société civile comme l’Anti-Corruption Organization of Thailand (ACT), le collectif CAC, l’Institut de justice de Thaïlande (TIJ), mais aussi des institutions académiques, telles que l’Université de la Chambre de commerce et le TDRI. Tous insistent sur un même constat : la corruption est un “coût invisible” qui freine l’investissement, l’innovation et la croissance à long terme.
Dans de nombreux projets en Thaïlande, les pots‑de‑vin peuvent représenter jusqu’à 20 à 30 % de la valeur totale. Selon l’Association des banquiers thaïlandais, le coût global de la corruption pèserait l’équivalent de 48 % du PIB, soit près de la moitié de l’économie absorbée par le marché souterrain.
L’Association des banquiers thaïlandais souligne de son côté les fragilités structurelles de l’économie : poids du secteur informel, endettement élevé des ménages et réglementation fragmentée. Autant de facteurs aggravés par la corruption, qui minent la confiance et compliquent l’adhésion future de la Thaïlande à l’OCDE ou sa participation aux grandes réunions du FMI et de la Banque mondiale en 2026.
Le plan d’action repose sur six piliers :
- Culture et sensibilisation : promouvoir l’intégrité dans la société et les entreprises.
- Politiques internes : instaurer des contrôles et normes éthiques.
- Gestion des risques : identifier et réduire les vulnérabilités.
- Ouverture des données publiques : rendre l’information accessible selon les standards OCDE.
- Technologies de transparence : utiliser Big Data et IA pour détecter les anomalies.
- Protection des lanceurs d’alerte : garantir des canaux sûrs pour signaler les abus.
Selon l’indice CSI de juin 2025, 87 % des Thaïlandais estiment que la corruption s’aggrave, mais la tolérance sociale est au plus bas, signe d’une demande accrue de responsabilité. Le plan rapide sur six mois prévoit des campagnes pour des élections propres, des politiques anti‑pots‑de‑vin, une surveillance accrue des licences et l’appui aux lanceurs d’alerte.
La Thaïlande se trouve à un carrefour : soit elle consolide une culture d’intégrité, soit elle risque une croissance fragilisée. Le secteur privé entend jouer un rôle moteur pour bâtir une société qui rejette la corruption et garantir une prospérité durable.



