
L’ancien Premier ministre thaïlandais Thaksin Shinawatra a démenti les rumeurs selon lesquelles il aurait quitté définitivement le pays, affirmant qu’il reviendra en Thaïlande le 8 septembre pour se présenter devant la Cour suprême le lendemain. Son départ inattendu vers Dubaï, survenu tard dans la nuit du 4 septembre, a suscité de nombreuses spéculations à la veille d’un vote parlementaire décisif et d’une audience judiciaire qui pourrait le renvoyer en prison.
Dans un message publié depuis les Émirats arabes unis, Thaksin explique que son vol privé, initialement prévu pour Singapour, a été retardé de plus de deux heures à l’aéroport de Don Muang. Les services d’immigration ont invoqué une suspension de ses droits de voyage, malgré la levée officielle de son interdiction de sortie du territoire. Ce contretemps a empêché son avion d’atterrir à temps au terminal privé de Seletar, qui ferme à 22h (heure locale), forçant le pilote à changer de cap vers Dubaï.
Ce choix n’est pas anodin. Dubaï a longtemps été un refuge pour Thaksin durant ses 15 années d’exil volontaire. Il y dispose de médecins spécialisés en orthopédie et pneumologie, ainsi que d’un réseau personnel solide. Il affirme avoir profité de ce détour pour effectuer un contrôle médical et retrouver des amis qu’il n’avait pas vus depuis plus de deux ans. Son avion a d’ailleurs été contraint de tourner au-dessus de la mer d’Andaman en attendant l’autorisation d’atterrir.
Thaksin, 76 ans, est au cœur des tensions politiques actuelles. Fondateur du parti Pheu Thai, il reste une figure influente malgré la destitution récente de sa fille Paetongtarn, ex-Première ministre. Depuis son retour en Thaïlande en 2023, il a évité la prison en séjournant dans une aile VIP de l’hôpital de la police, sans que sa pathologie soit prouvée.
L’audience du 9 septembre déterminera si son séjour hospitalier peut être comptabilisé comme temps de détention. En parallèle, le Pheu Thai, affaibli, tente de conserver le pouvoir face au parti Bhumjaithai, en présentant Chaikasem Nitisiri comme candidat au poste de Premier ministre.
Ce vendredi matin, Anutin Charnvirakul, chef du parti Bhumjaithai, apparaît comme le favori pour accéder au poste de Premier ministre. Une victoire de sa part consacrerait l’emprise totale des forces ultraconservatrices sur les principaux centres de pouvoir : le Sénat, l’appareil judiciaire, l’armée et le gouvernement. Dans un tel contexte, il n’est pas surprenant que Thaksin Shinawatra, figure clivante et longtemps ciblée par ces mêmes institutions, nourrisse de sérieuses inquiétudes quant à son avenir politique et judiciaire.