
Srettha, Thaksin et son beau-frère, lui même ancien premier ministre
L’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra ne tentera pas de fuir à nouveau le pays pour échapper à une condamnation pour crime de lèse-majesté a déclaré mardi le Premier ministre Srettha Thavisin.
«J’ai rencontré Paetongtarn Shinawatra, ce matin. J’ai posé des questions sur son père. Elle a dit qu’il allait bien », a déclaré M. Srettha. « Je suis convaincu qu’il ne quittera pas le pays. Il a déjà passé 17 ans en exil. C’est assez long. Aujourd’hui, il est entré dans le processus judiciaire et doit donc y faire face. Je ne peux pas parler en son nom. Mais je ne pense pas qu’il ira nulle part. »
Thaksin a fui la Thaïlande en 2008, peu avant que la Cour suprême ne le condamne pour avoir aidé son épouse Khunying Potjaman Na Pombejra à acheter à prix réduit un terrain de premier ordre sur Ratchadaphisek alors qu’il était Premier ministre.
Il est rentré en Thaïlande en août 2023 et a été condamné à huit ans de prison mais n’a jamais passé une seule nuit derrière les barreaux. Il est en liberté conditionnelle depuis quelques mois.
Le 29 mai, le procureur général a inculpé Thaksin, en son absence en raison de Covid, pour crime de lèse majesté et crime informatique suite à une interview accordée à un journal de Séoul le 21 février 2015. Thaksin doit comparaître à 9 heures le 18 juin.
Il reste à voir si Thaksin sera libéré sous caution le 18 juin, puisqu’en 2008, il avait fui à l’étranger. Pourtant personne n’imagine Thaksin en prison. Sans plus de détails, Paetongtarn a déclaré que son père profiterait de l’audience du 18 pour « dire la vérité » au tribunal.
Dans le même ordre d’idées, le ministre de la Défense Sutin Klungsang a déclaré mardi qu’un projet de loi d’amnistie proposé par Pheu Thai ne couvrirait pas tous les condamnés politiques.
Il a fait ces remarques car le parti a été critiqué pour avoir poussé le projet de loi d’amnistie peu après que Thaksin, considéré comme le leader de Pheu Thai, a été inculpé en vertu de l’article 112. Certains observateurs pensent que le projet de loi rappelle la dernière demande d’amnistie lancée par l’administration Yingluck en 2013. Cette décision a déclenché des protestations massives menées par les ultra royalistes, qui ont abouti à un coup d’État militaire.
Varawut Silpa-archa, chef du parti Chartthaipattana et ministre du Développement social, a déclaré mardi que toute proposition d’amnistie doit exclure les crimes de lèse-majesté et la corruption.
Le député Pheu Thai Cherdchai Tantisirin, de la commission parlementaire sur l’amnistie politique, a déclaré que le projet de loi était conçu pour bénéficier aux jeunes militants et non à Thaksin.
Selon le plus grand journaliste de Thailande, Pravit Rojanaphruk, son collègue néerlandais Erik van Zwam est arrivé des Pays-Bas à la fin du mois dernier et a interviewé des observateurs thaïlandais pour le journal Trouw, à propos de Thaksin et de Srettha, l’une des questions récurrentes était de savoir qui est exactement le véritable Premier ministre en Thaïlande aujourd’hui.
Pravit affirme qu’Il existe actuellement trois puissances qui dirigent la Thaïlande. 1- le Premier ministre Srettha, qui fait de son mieux pour ne pas apparaître comme une simple marionnette, 2- Thaksin qui s’ennuie trop pour se limiter à rester dans son Manoir à s’occuper de ses petits-enfants. 3- l’État profond ou « régime » soit les élites royalistes, les hauts fonctionnaires et l’armée qui ne représentent personne d’autre qu’eux-mêmes, bien qu’ils se prétendent les garants de l’État, la religion et la monarchie.
Un autre journaliste de Singapour celui-là travaillant pour le journal Lianhe Zaobao a demandé à Pravit: « Qui est derrière ces actions judiciaires contre Srettha et Thaksin ? S’agit-il d’une sorte de coup d’État déguisé de la part des militaires/conservateurs ? » Selon Pravit il n’y a pas d’effort concerté pour saper le gouvernement Pheu Thai mais ce dernier doit faire plus de concessions au régime et ne pas bouger une oreille. Certains pensent que c’est une sorte de coup d’État judiciaire. Nous parlerons de pré-coup d’État.
Preuve de cette allégeance forcée du gouvernement au régime, la nomination de Wisanu Krea-ngam, ancien conseiller juridique et vice-premier ministre de la junte Prayut, comme conseiller juridique de Srettha. Il veillera que pas une oreille ne bouge.
Quant à la question de savoir quel impact auront toutes ces menaces sur la politique et la société thaïlandaise, Pravit répond : Plus d’incertitudes et d’instabilité.
Notons que l’instabilité politique qui entraîne les crises économiques et la pauvreté ne dérange pas le régime, riche à milliards. Par ailleurs, dans l’état actuel des choses et même s’il n’aime pas le Pheu Thai, le régime n’a pas trouvé d’autre rempart pour le protéger contre le peuple et son représentant vainqueur aux élections, le Move Forward.