Le chef, de facto, du Pheu Thai, en liberté conditionnelle, Thaksin Shinawatra souhaite ajouter une annexe au possible « accord secret » qu’il avait conclu auparavant avec les « pouvoirs en place » ou « régime militaire » ou « élites qui dirigent la Thaïlande » pour permettre à sa sœur, première ministre déchue, Yingluck Shinawatra, de rentrer tôt ou tard d’exil sans être jetée en prison, selon des sources Pheu Thai.
Thaksin, qui s’est manifestement remis de sa maladie grave quelques jours après avoir obtenu sa libération conditionnelle en février dernier, n’a pas encore modifié son « accord secret » avec la « puissante élite ultra-conservatrice » (armée et consorts) pour ouvrir la voie au retour prévu de Yingluck, qui a déjà passé sept ans d’auto-exil à l’étranger, comme ce fut le cas pour lui-même après 17 ans.
Thaksin a réussi à éviter d’être incarcéré même pendant une seule journée pour purger autrement une peine d’emprisonnement réduite à un an et de se voir accorder des privilèges dans le confortable hôpital de la police. Certains parleront de deux poids, deux mesures mais rappelons que Thaksin est un homme âgé et qu’il a servi son pays en tant que Premier Ministre.
Dans le cadre de « l’accord secret » Thaksin a été obligé de rendre des faveurs au régime militaire qui ne pouvait accepter que le parti vainqueur les élections accède au pouvoir.
Le mouvement Move Forward dirigé par Pita Limjaroenrat est considéré comme l’ « ennemi n°1 » de l’élite ultra-conservatrice. C’est devenu aussi l’ennemi de Thaksin qui a finalement enterré la hache de guerre avec l’armée pour éliminer Move Forward de la course au pouvoir, toujours selon les sources partisanes.
Néanmoins, il est peu probable que les privilèges et le « deux poids deux mesures » précédemment accordés à Thaksin le soient aussi à Yingluck, car l’ancienne première ministre est loin d’avoir 70 ans.
Yingluck, 56 ans, n’a pas non plus simulé des maladies, comme certains pensent que son frère l’a fait et ne pourra pas prétendre à s’installer à l’hôpital de la police.
Thaksin est rentré chez lui sans avoir passé une seule heure en prison alors que Srettha Thavisin a été élu premier ministre grâce aux sénateurs nommés par la junte afin de couper l’herbe sous le pied de Pita.
Ces sénateurs soudain pro-Srettha avaient été nommés par la junte du putschiste Prayut Chan-o-cha, qui avait orchestré le coup d’État de 2014 pour destituer Yingluck.
Cet « accord secret » a finalement incité / obligé Thaksin à abandonner le projet Move Forward – Pheu Thai d’une alliance progressiste et à répartir les portefeuilles ministériels entre des partis dont 3 (comme Ruam Thai Sang Chart dirigé de facto par Prayut) étaient déjà au pouvoir avec l’armée avant 2023 et ont été laminés aux élections.
Selon Khomsan Bhokhong, de la faculté de droit de l’université de Rangsit, Thaksin qui a manifestement prévu le retour de Yingluck cette année, sera confronté à une contestation.
La Première ministre déchue avait été condamnée par contumace à cinq ans de prison pour négligence dans le cadre du projet de subvention aux riziculteurs, ravagé par la corruption.
Thaksin a annoncé avec jubilation que Yingluck reviendrait cette année afin d’assister au festival de Songkran en avril prochain dans leur province natale de Chiang Mai.
La possibilité que le puissant Thaksin parvienne à faire rentrer sa sœur en Thaïlande sans être jetée en prison et à obtenir la grâce royale nuirait non seulement à la stabilité politique et à la confiance dans le gouvernement, mais entraînerait également des dommages à la monarchie, a déclaré Khomsan. Sous entendu, une grâce, c’est possible, deux grâces, ça ressemble à de la connivence avec un clan.
D’aucuns s’étonnent que Thaksin dont la peine de huit ans de prison avait été réduite à un an par grâce royale (une année qui ne se terminera qu’en août 2024), se promène tranquillement en Thaïlande comme si liberté conditionnelle signifiait liberté totale. Cela aurait considérablement embarrassé et frustré de nombreuses personnes respectueuses de la loi, selon l’universitaire de Rangsit.
Cela dit, certains dossiers contre Yingluck sont déjà clos et celui qui reste n’est pas aussi graves que ceux reprochés à son frère. D’ailleurs, les observateurs considèrent que les accusations étaient politiquement motivées. On reproche à Yingluck de ne pas avoir pu empêcher la corruption sous son gouvernement comme si Prayut et maintenant Srettha avaient lutté efficacement contre la même corruption.
On rappellera également que Yingluck suit son fils au Royaume Uni où il étudie. Enfin, Yingluck est une personne beaucoup moins clivante que son frère.