Le chef du Mouvement progressiste Thanathorn Juangroongruangkit et le chef du parti Move Forward Pita Limjaroenrat font partie des huit accusés condamnés à des peines de prison avec sursis par le tribunal du district de Pathumwan ce lundi matin, après avoir été reconnus coupables d’avoir organisé une courte manifestation spontanée près d’un palais sans autorisation préalable en 2019.
Les six autres accusés sont Nuttaa Mahattana, Parit Chiwarak, Thanawat Wongchai, Piyabutr Saengkanokkul, Pannika Wanich et Pairatthachote Chantharakachorn.
Les huit accusés ont été inculpés de multiples infractions par les procureurs, allant de l’organisation d’une manifestation sans autorisation préalable sur la passerelle de Pathumwan (à moins de 150 m d’un palais), à la perturbation des opérations du BTS, en passant par la création de désagréments pour les autres utilisateurs de la passerelle et l’utilisation des haut-parleurs sans autorisation. Le très modeste rassemblement a eu lieu le 14 décembre 2019.
Le nom du palais n’a pas été précisé et à aucun moment, les manifestants ne se sont intéressés à ce palais.
Le tribunal a condamné tous les accusés à quatre mois de prison et à une amende de 11 200 bahts pour utilisation illégale de haut-parleurs. Les peines de prison ont été suspendues pendant deux ans. Cela permet de les appliquer si les accusés ne se « tiennent pas tranquilles ».
S’adressant aux médias après le verdict prononcé contre eux, ces célèbres figures de l’opposition ont déclaré que la punition pour avoir organisé un rassemblement d’une heure est « disproportionnée », en comparaison avec l’occupation d’une semaine de L’aéroport de Suvarnabhumi en 2008 par des ultra-nationalistes qui est resté impunie.
C’est la preuve du deux poids deux mesures (les royalistes sont acquittés, les réformateurs condamnés) et l’illustration que le régime, défait aux élections, a l’intention de continuer de gouverner par l’intermédiaire d’une justice aux ordres.
Un avocat a déclaré que les politiciens de l’opposition feraient appel de la sentence.
Pour mémoire, le 18 janvier, Un tribunal thaïlandais a acquitté plus de deux douzaines de manifestants qui avaient occupé les deux aéroports de Bangkok en 2008 des accusations de rébellion et de terrorisme liées à leur manifestation, qui à l’époque avait bloqué les déplacements à l’intérieur et à l’extérieur du pays pendant plus d’une semaine.
On notera que le ministre de l’Intérieur français a précisément exigé des agriculteurs qu’ils ne bloquent pas les aéroports parisiens la semaine dernière. Habituellement, occuper des aéroports comme l’ont fait les royalistes radicaux en 2008 est un crime grave.
Le tribunal pénal de Bangkok a déclaré que les membres de l’Alliance populaire pour la démocratie n’avaient causé aucune destruction dans les aéroports ni blessé personne. C’est aussi le cas pour la manifestation spontanée des l’opposition en 2019.
Par ailleurs, Amnesty International Thaïlande a adressé une lettre au gouvernement l’exhortant à libérer immédiatement et sans condition l’éminent militant pro-démocratie Anon Nampa.
En outre, AI a appelé à la fin de toutes les poursuites contre les personnes accusées d’avoir exprimé leurs opinions politiques.
Amnesty International souligne l’importance pour le gouvernement d’adhérer à la Déclaration universelle des droits de l’homme, dont la Thaïlande est cosignataire.
La lettre, soutenue par plus de 7 000 signatures, a été acceptée par Somkid Chukong, un secrétaire du Premier ministre.
Anon Nampa a été condamné à 8 ans de prison pour crime de lèse-majesté lié à ses discours politiques et à ses publications sur les réseaux sociaux.
Bien qu’il fasse appel de la sentence, le tribunal a décidé de le maintenir en détention et a rejeté à plusieurs reprises ses demandes de libération sous caution.
Entre juillet 2020 et décembre 2023, au moins 1 938 personnes ont été poursuivies dans 1 264 cas en raison de leur implication dans des réunions et manifestations politiques.
Parmi eux, 286 sont mineurs, selon les avocats thaïlandais pour les droits de l’homme.
Le vice-Premier ministre Phumtham Wechayachai a déclaré lundi que Les personnes accusées de crime de lèse-majesté devraient être exclues du projet de loi d’amnistie, car cela pourrait conduire à une résurgence du conflit politique. On comprend qu’il craint que les royalistes manifestent en cas de trop grande mansuétude.
Les observateurs considèrent que le Pheu Thai s’est complètement aligné sur le régime.
