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Le secteur industriel thaïlandais traverse une zone de turbulences. Pour la première fois en juin 2025, le nombre de fermetures d’usines a égalé celui des nouvelles ouvertures : 73 contre 73. Ce point d’équilibre, loin d’être rassurant, illustre une fragilité structurelle qui s’accentue mois après mois.
Entre janvier et juillet 2025, les données du Department of Industrial Works (DIW) montrent une dynamique en dents de scie : les ouvertures d’usines restent constantes, mais les fermetures s’accumulent. Avril et mai ont été particulièrement sombres, avec respectivement 82 et 63 fermetures. Juin marque un tournant symbolique, où les créations ne compensent plus les pertes.
Le marché du travail reflète cette instabilité. En juin, seules 1 413 nouvelles embauches ont été enregistrées, contre 2 307 suppressions de postes liées aux fermetures. Côté investissement, la tendance est tout aussi préoccupante : 2,6 milliards de baht injectés dans les nouvelles usines, contre 3,1 milliards perdus dans les fermetures. Si juillet a vu un rebond dans les projets d’expansion (11,79 milliards de baht), les investissements dans de nouvelles installations restent timides.
À cette fragilité interne s’ajoutent des pressions internationales. Les nouvelles taxes à l’importation imposées par les États-Unis pourraient affecter directement les exportations thaïlandaises, forçant les industriels à revoir leurs stratégies dans un climat d’incertitude croissante.
Les secteurs qui attirent le plus d’investissements en nouvelles installations sont l’électronique (16,72 milliards de baht), la mécanique (8,08 milliards), l’agroalimentaire (7,77 milliards), les produits métalliques (6,01 milliards) et les plastiques (4,40 milliards). En matière d’expansion, l’automobile, l’agroalimentaire et les produits métalliques dominent.
Mais certains secteurs souffrent particulièrement : la mécanique (réfrigérateurs et accessoires), la chimie (produits d’entretien, pesticides), les métaux, l’automobile (pièces détachées, réparation) et le bois (panneaux, caoutchouc). Ces cinq domaines concentrent les plus gros investissements perdus à travers les fermetures.
Ce croisement entre stagnation industrielle, perte d’emplois et incertitude commerciale appelle à une vigilance accrue. Si la Thaïlande veut préserver sa compétitivité, elle devra soutenir ses secteurs clés, anticiper les chocs extérieurs et renforcer la résilience de son tissu industriel domestique. En effet, les annonces tonitruantes du BoI (Board of Investment) ne concernent que les plus gros investissements étrangers et non tout le tissu des entreprises moyennes qui animent l’économie de proximité.