Le chef adjoint du Bumjaithai Chada Thaiseth, a exigé en pleine assemblée nationale qu’une nouvelle loi soit introduite pour autoriser d’abattre les personnes qui insultent la monarchie thaïlandaise. Le député de 62 ans pense que les Thaïlandais devraient être autorisés à devenir justiciers et à tirer sur les personnes qui critiquent la monarchie et ce sans conséquence juridique après leur homicide.
Chada a fait cette annonce au Parlement lorsque Pita Limjaornerat présentait sa candidature pour devenir le nouveau Premier ministre de la Thaïlande .
De nombreux internautes ont critiqué les discours prononcés par plusieurs députés et sénateurs, comme celui de Chada pour autoriser à tirer sur les critiques de la famille royale thaïlandaise.
Chada a demandé hier d’être le premier orateur lors des débats. Il a déclaré que son parti ne pouvait pas soutenir un candidat ou un parti qui tente de réviser l’article 112 du Code pénal, également connu sous le nom de loi de lèse-majesté.
Chada a déclaré que lui et son parti n’étaient pas les seuls à s’opposer à la révision de l’article 112. Il a ajouté que le MFP ne peut pas se considérer comme vainqueur car ses 14 millions de voix ne représentent que 20% de la population totale. Le numéro 2 du parti Bhumjaithai estime également qu’un certain nombre d’électeurs qui soutiennent le MFP ne connaissent pas son programme.
Lors de son discours, Chada a demandé au Parlement d’approuver une nouvelle loi permettant aux gens de tirer sans poursuite sur quiconque offense la monarchie. Il a également ajouté que toute révision de l’article 112 inciterait les gens à prendre les armes, à se tirer dessus. Cela conduirait à l’anarchie et « à un putain de chaos ».
Le président du Parlement, Wan Muhamad Nor Matha, est intervenu et a demandé à Chada de retirer le mot « putain » mais n’a pas bronché quant à la proposition de loi.
Une loi intéressante car elle permettrait à quiconque d’abattre son voisin en prétendant qu’il a insulté le roi. C’est déjà ce qui se passe, de manière métaphorique, avec l’article 112 que le MFP veut réformer pour éviter ce genre de dérive.
Pita a ensuite répondu au discours de Chada, « Quand j’entends quelqu’un vouloir tuer d’autres personnes qui offensent la monarchie, cela me rappelle les 99 morts à Ratchaprasong, en 2010 et beaucoup plus encore lors du massacre du 6 octobre 1976 et du soulèvement populaire du 14 octobre 1973. »
En effet, sans que la loi en question existât à ce moment là, en 1976, des étudiants ont été lynchés pour délit d’opinion.
Un certain nombre d’internautes thaïlandais ont critiqué Chada pour sa proposition violente. « Rustre! » « Arrêtez de prendre du cannabis avant de débattre. » « Député ou mafieux ?
Chada et sa famille sont arrivés du Pakistan à Uthai Thani en 1961. Son père a été tué sept ans plus tard avant que sa mère et son frère aîné ne soient tués en 1975.
En 2003, il a été arrêté pour avoir prétendument engagé un tueur à gages pour cibler un membre du parti Thai Rak Thai (Pheu Thai), bien que le tribunal ait par la suite rejeté l’affaire (pourquoi ?)
En 2012, Chada a échappé de peu à la mort lorsqu’il a été pris pour cible par un tueur à gage. Tragiquement, la balle qui lui était destinée a frappé son fils de 27 ans, entraînant sa mort. De plus, sa possession d’armes de guerre a conduit à un raid sur sa maison en 2017.
Et c’est cet homme que le Bumjaithai, parti important que la coalition pro-armée et royaliste, de facto, a choisi comme numéro 2 en 2018. Le parti est dirigé par l’actuel ministre de la Santé publique, Anutin Charnvirakul. Un prétendant sérieux au poste de premier ministre.
Le discours de Chada montre bien l’état d’hystérie des royalistes les plus exaltés (très largement minoritaires, les élections le prouvent) et le réel danger que court la Thaïlande en donnant des responsabilités importantes à de tels individus.
Cependant, on peut penser que ce discours est contre-productif et que davantage doit être fait pour protéger la population des royalistes radicalisés.
