
Le sénateur Decha
Le 18 août, le Sénat thaïlandais a débattu d’un projet d’amendement au Code criminel visant à renforcer la répression du harcèlement sexuel. Le texte élargit la définition de l’infraction à une série d’actes à connotation sexuelle, qu’ils soient physiques, verbaux, gestuels ou numériques, dès lors qu’ils provoquent chez autrui un sentiment de gêne, de peur ou d’insécurité. Il prévoit également des sanctions allant jusqu’à un an de prison et 20 000 bahts d’amende, ainsi que des injonctions judiciaires pour prévenir toute récidive.
Le sénateur Decha Nutalai s’est opposé au projet, estimant que la formulation était trop large et risquait de criminaliser des « comportements sociaux courants » comme chercher à séduire ou dévisager avec ostentation. Il a cité des exemples tirés de chansons populaires et de proverbes, affirmant que l’expression d’un intérêt amoureux ne devrait pas être assimilée à du harcèlement. Il a également exprimé sa crainte que la loi ouvre la voie à des abus ou à des chantages, notamment dans des cas où aucun geste concret n’a été commis.
Ses propos ont suscité une vive réaction de la députée Pasarin Ramwong, du Parti du peuple, qui a dénoncé une vision romantisée et sexiste du harcèlement. Elle a rappelé que la loi vise à protéger les victimes réelles, et non à punir des gestes anodins. Selon elle, les comportements persistants, intrusifs ou à caractère sexuel, assimilés à la « drague lourde » doivent être encadrés, même s’ils sont culturellement tolérés, en 2025. Elle a également souligné que les paroles de chansons ne sont pas visées par la loi, sauf si elles ciblent directement une personne.
Pasarin a insisté sur la nécessité de rompre avec la banalisation du harcèlement sexuel et de privilégier le droit de chacun à vivre en sécurité. Elle a critiqué les arguments du sénateur, qu’elle juge dangereux et complaisants envers les agresseurs. Malgré les réserves exprimées, le Sénat a voté en faveur de l’examen du projet de loi, marquant une étape importante dans la lutte contre les violences sexuelles en Thaïlande.