
Freedom House a rétrogradé la Thaïlande de « partiellement libre » à « non libre », la plaçant au même niveau que la Chine. Cette décision reflète une détérioration de la situation politique et des droits humains dans le pays.
Freedom House est une ONG basée aux États-Unis qui se consacre à la promotion de la démocratie, des droits humains et des libertés dans le monde. L’organisation publie des rapports annuels, tels que Freedom in the World, qui évaluent le niveau de liberté politique et de droits civils dans différents pays. Ces rapports sont souvent utilisés comme référence pour mesurer l’état de la démocratie et des libertés à l’échelle mondiale. Bien sûr, il est paradoxal que cette ONG soit basée dans un pays qui n’est plus libre.
L’organisation cite la dissolution du principal parti d’opposition par la Cour constitutionnelle et le rapatriement forcé de militants, réfugiés et demandeurs d’asile vers des pays dangereux comme principales raisons de ce déclassement. Ces actions montrent une répression accrue des voix dissidentes et des libertés fondamentales. De nombreux dissidents sont également emprisonnés.
Après cinq ans de régime militaire, la Thaïlande a évolué vers un gouvernement toujours dominé par l’armée en 2019. Les manifestations de 2020 et 2021 pour des réformes démocratiques ont été réprimées par des arrestations arbitraires et des accusations de crime de lèse-majesté.
Bien que les élections de 2023 aient été relativement ouvertes, le Sénat, nommé par l’armée, a empêché le parti les ayant remportées de former un gouvernement. Ce parti a été dissous par la « justice ». Le Parti Pheu Thai, classé deuxième, a formé une coalition avec des partis proches de l’armée. Puis, le Premier ministre Pheu Thai a été destitué par la Cour constitutionnelle.
La liberté de la presse est restreinte (aucun média, dont Thaivisa en français, ne peut prétendre dire toute la vérité) et les crimes contre les militants restent impunis. Ces éléments contribuent à un climat de répression et d’insécurité pour les défenseurs des droits humains et les journalistes.
Dans la région ASEAN, le Cambodge, le Vietnam, le Laos et le Myanmar sont également classés « non libres », tandis que les Philippines, l’Indonésie, la Malaisie et Singapour sont « partiellement libres ». La Thaïlande, avec un score de 34 sur 100, illustre une tendance inquiétante de recul des libertés dans la région.
Selon le rapport, les pays les plus libres sont la Finlande, la Norvège, la Nouvelle-Zélande, la Suède, le Canada, le Danemark et l’Irlande avec un score de 97.
La Belgique, la Suisse (96) et la France (89) sont « libres ».
Le Maroc, avec 37, est un peu au-dessus de la Thaïlande, ce qui lui permet d’obtenir le label « partiellement libre ».
https://freedomhouse.org/country/thailand/freedom-world/2025
Comme pour illustrer ce mauvais classement, Sirapob Phumpheungphut, un étudiant militant détenu depuis mars 2024 pour diffamation envers la famille royale, a entamé une grève de la faim le 21 février 2025 pour réclamer la libération des prisonniers politiques. Après 22 jours, il a perdu plus de 9 kg et montré des signes inquiétants pour sa santé, tels qu’un pouls lent et des contractions musculaires. Malgré des complications administratives concernant son transfert, il a finalement été admis à l’hôpital universitaire de Thammasat le 14 mars.