Le tribunal pénal du sud de Bangkok a rendu son jugement jeudi dans l’affaire contre une accusée de 26 ans identifiée uniquement sous le nom de « Maggie ».
Les condamnations découlent de 18 messages concernant l’institution royale publiés sur Twitter entre décembre 2022 et octobre 2023, précisent les avocats.
Quatorze des messages violaient la loi sur le lèse-majesté, l’article 112 du Code pénal, ainsi que la loi sur la criminalité informatique. Quatre autres messages violaient uniquement la loi sur la criminalité informatique.
Le tribunal a condamné le natif (Maggie serait transgenre) de Yasothon à trois ans de prison pour chacun des 14 premiers chefs d’accusation, pour un total de 42 ans, et à deux ans pour chacun des quatre autres infractions, ce qui porte le total à 50 ans. L’accusé.e ayant avoué, la peine a été réduite à 25 ans, ont indiqué les avocats.
Maggie est détenue à la maison d’arrêt de Bangkok depuis son arrestation par la « police spéciale » le 20 octobre de l’année dernière. Ses avocats ont déclaré que son téléphone portable avait été confisqué et qu’elle n’a donc pu contacter personne, et qu’elle a d’abord été interrogée sans la présence d’un avocat.
Lorsque la police lui a montré les détails des accusations portées contre elle, elle a déclaré qu’elle avait signé, au départ, des aveux car elle avait peur, selon ses avocats. La police s’est ensuite servie des aveux pour la poursuivre.
Né.e dans une famille d’agriculteurs à Yasothon, Maggie n’a fréquenté l’école que jusqu’en Mathayom 3 (9e année ou 3e en France), puis a déménagé à Bangkok où elle a travaillé dans un restaurant. Après avoir perdu son emploi pendant la pandémie, elle a trouvé un travail à temps partiel dans un grand magasin, mais a connu des difficultés de fin de mois.
Affectée par les politiques gouvernementales, a-t-elle déclaré à ses avocats, elle a commencé à s’intéresser davantage à la politique en 2018. En 2020, elle a commencé à participer à certains des rassemblements pro-démocratie qui commençaient tout juste, en opposition au régime pro-militaire.
Selon les données du TLHR jusqu’au 29 février de cette année, 1 951 personnes ont été poursuivies pour participation et expression politiques depuis le début des manifestations de la Jeunesse libre en juillet 2020. Au moins 268 font face à des accusations de lèse-majesté en vertu de l’article 112, et 150 ont été poursuivies, accusées de sédition en vertu de l’article 116.
Les militants des droits de l’homme soulignent que le gouvernement Thavisin laisse les agences de sécurité agir comme elles le souhaitent sans aucun contrôle ou contre pouvoir ce qui peut mener à des abus.
Au cours des premiers mois de cette année et Selon les Avocats thaïlandais pour les droits de l’homme (TLHR), il y a eu au moins 40 cas de harcèlement et d’intimidation de la part de représentants de l’État à l’encontre de militants pro-démocratie entre janvier et février seulement. Cette tendance inquiétante n’est pas nouvelle ; en 2023, 203 cas ont été signalés. Depuis le 22 août 2023, date marquant l’élection de Srettha Thavisin au poste de 30e Premier ministre thaïlandais, le nombre total d’incidents de ce type est passé à 243.
Cette tendance au harcèlement et à l’intimidation crée une atmosphère de peur et de répression, portant directement atteinte aux principes démocratiques, selon les militants. Si le gouvernement de Srettha continue de fermer les yeux sur ces pratiques, il s’aligne sur les méthodes du précédent gouvernement dirigé par le putschiste Prayut Chan-o-cha, ajoutent les avocats des droits de l’homme.
Le tribunal pénal du sud de Bangkok
