La Cour suprême a acquitté lundi l’ancienne première ministre en fuite Yingluck Shinawatra et cinq autres personnes pour malversations dans l’attribution d’une campagne de 240 millions de bahts pour promouvoir les projets d’infrastructure de son gouvernement, évalués à 2 000 milliards de bahts.
La Cour suprême chargée des hommes politiques a voté à l’unanimité, 9 contre 0, en faveur de l’acquittement. Elle n’a vu aucune intention de favoriser une quelconque partie dans la mise en œuvre du projet de relations publiques.
Le tribunal a également révoqué le mandat d’arrêt émis précédemment dans cette affaire contre Yingluck.
La Commission nationale anti-corruption (NACC) avait précédemment accusé Yingluck, l’ancien ministre Niwatthamrong Boonsongpaisan, Suranand Vejjajiva, alors secrétaire général de Yingluck, Matichon Plc, Siam Sport Syndicate Plc et le directeur de Siam Sport, Ravi Lohtong.
Ils ont été inculpés dans le cadre de l’allocation de 240 millions de bahts pour financer la campagne « Roadshow to Thailand’s Future Thailand 2020 » visant à promouvoir des projets d’infrastructures en 2013.
La campagne comprenait des expositions et des séminaires, entre autres activités.
Selon le procès, de fin août 2013 à mars 2014, les trois premiers accusés – Yingluck, M. Niwatthamrong et M. Suranand – auraient abusé de leur autorité au moment de lancer des appels d’offres publics pour cette campagne.
Le gouvernement de Yingluck prévoyait d’emprunter 2 000 milliards de bahts. Lorsque la Cour constitutionnelle a jugé qu’emprunter la somme était inconstitutionnelle, la tournée de présentation a été annulée. Les 240 millions de bahts dépensés pour la campagne ont été du gaspillage, selon la NACC.
Dans un communiqué officiel publié lundi, la Division de la Cour suprême pour les hommes politiques a déclaré que le cabinet avait approuvé le projet de relation publique de bonne foi car, à ce moment, Yingluck ne savait pas que la Cour constitutionnelle retoquerait l’emprunt de 2 000 milliards de bahts.
Le tribunal n’a également trouvé aucune preuve que Yingluck, M. Niwatthamrong ou M. Suranand avaient favorisé les deux entreprises, également accusées, pour le projet de promotion. En outre, il n’existe aucune preuve d’une quelconque collusion sur les prix.
Une enquête précédente a confirmé que l’allocation budgétaire pour le projet était conforme aux règles de passation des marchés du bureau du Premier ministre, a indiqué le tribunal.
Yingluck, M. Niwatthamrong et M. Suranand ayant été déclarés innocents, les quatrième, cinquième et sixième accusés le semblent aussi, a déclaré le tribunal.
En décembre 2023, la Cour suprême pour les hommes politiques a acquitté Yingluck Shinawatra des malversations liées au fait qu’elle a muté, en 2011, un secrétaire général du Conseil de sécurité nationale.
Yingluck, 57 ans, est en fuite depuis août 2017, lorsqu’elle ne s’est pas présentée au tribunal pour la lecture de la décision sur une accusation de manquement à ses obligations dans le cadre d’un projet gouvernemental de soutien au prix du riz qui a entraîné au moins 500 milliards de bahts de pertes. Un projet entaché de corruption. Yingluck n’a jamais été accusée de corruption mais de « légèreté ».
Elle a ensuite été condamnée à cinq ans de prison. Un mandat d’arrêt contre elle dans l’affaire du soutien du prix du riz reste actif.
Certains observateurs considèrent que, dans les faits, il ne reste plus de dossiers actifs contre elle et qu’elle pourrait rentrer en Thaïlande.
Certains experts pensent que l’actuelle indulgence de la « justice » envers la famille Shinawatra fait parti d’un marché passé entre le régime militaire et le clan.
De toute façon Yingluck Shinawatra pourrait continuer à rester à l’étranger pour le moment, car son fils étudie toujours en Angleterre, a déclaré le vice-Premier ministre Phumtham Wechayachai.
Les observateurs et l’opposition rappellent que les condamnations par la « justice » contre Thaskin et elle ont été émises alors que le pays était sous régime militaire. Maintenant qu’eux ont été blanchis, il conviendrait que d’autres opposants au régime militaire le soit.
