Le 24 septembre 2025, un gigantesque affaissement de terrain de 30 mètres de large et 50 mètres de profondeur s’est produit sur le chantier de la future station de métro Samsen, entre l’hôpital Vajira et le poste de police du même nom. Bien qu’aucune victime n’ait été signalée, cet incident illustre une problématique récurrente en Thaïlande : la multiplication des accidents sur les grands chantiers, souvent suivis d’un silence institutionnel et d’une absence de responsabilité durable.
Ce cas s’ajoute à une série d’accidents graves survenus ces dernières années, notamment sur la route Rama II, axe stratégique vers le sud du pays que les entreprises semblent incapables de terminer, et ce, depuis des décennies. Entre 2021 et 2024, plusieurs effondrements de structures ont causé des morts et des blessés, sans qu’aucune enquête publique transparente ne vienne éclaircir les causes ni désigner les responsables.
Le professeur Amorn Pimanmas, président de l’Association des ingénieurs structurels de Thaïlande, pointe trois failles majeures : la sous-traitance non contrôlée, la supervision par du personnel non qualifié et la falsification de signatures d’ingénieurs. Il appelle à une réforme urgente des lois encadrant la sous-traitance, avec la création d’un registre de prestataires certifiés.
Par ailleurs, Mana Nimitmongkol, président de l’Organisation thaïlandaise anti-corruption (ACT, une ONG), dénonce des pratiques douteuses dans l’attribution des marchés publics. Le cas de Kamnan Nok, entrepreneur accusé d’avoir commandité l’assassinat d’un policier, illustre les dérives d’un système où des centaines de projets sont attribués à une seule entité, souvent sous-traités sans contrôle. Mana appelle à une réforme du système de passation des marchés, à plus de transparence et à une participation accrue du secteur privé.
Selon Krungsri Bank, les projets publics en 2024 représentent 780 milliards de bahts, dont près de 200 milliards pourraient être détournés par la corruption.
Face à ces enjeux, la société civile réclame des mesures concrètes pour garantir la sécurité des citoyens et restaurer la confiance dans les infrastructures publiques. Le gouffre de Samsen n’est pas qu’un accident : il symbolise les failles profondes d’un système à réformer.
Sur le terrain, la MRTA a confirmé qu’aucun nouvel affaissement du sol, aucune fissure ni dommage structurels supplémentaires n’ont été détectés dans le tunnel souterrain de la ligne violette. Pour prévenir tout incident, les entrepreneurs stabilisent le sol en injectant du coulis à huit emplacements et ont déjà comblé la zone avec plus de 2 500 mètres cubes de sable. La MRTA surveille en permanence l’intégrité structurelle des bâtiments environnants. Enfin, la municipalité de Bangkok (BMA) démolira le commissariat de police de Samsen le 22 octobre.
