Il y a 50 ans cette semaine, le mécontentement croissant face à la corruption et aux abus de pouvoir de l’establishment thaïlandais s’est transformé en une grande manifestation sur le campus de l’Université Thammasat, l’une des plus anciennes universités de Thaïlande, dont les étudiants sont politisés. Cela a dégénéré en manifestations de rue généralisées.
La colère a abouti à un soulèvement populaire sans précédent qui a vu des centaines de milliers de personnes se rassembler sur l’avenue Rajadamnern à Bangkok le 14 octobre 1973 pour exiger la fin de la dictature du gouvernement Thanom. Des centaines de personnes, dont des étudiants, ont été abattus par les forces de sécurité, mais les manifestants pro-démocratie ont quand même remporté la victoire.
Ce jour-là, le régime corrompu, dirigé par le Premier ministre – dictateur, maréchal Thanom Kittikachorn et sa clique, s’est effondré après plus de 10 ans au pouvoir. Ce fut un triomphe pour la population qui a cependant payé un lourd tribut en termes de vies humaines.
Le soulèvement de 1973 inaugurant une nouvelle ère de démocratie, restera toujours dans les mémoires comme l’une des périodes les plus sombres de l’histoire politique thaïlandaise. Dans son discours, prononcé le soir du massacre, feu le roi Rama 9 l’a décrit comme « un jour de grande tristesse ».
Depuis un demi-siècle, chaque 14 octobre voit parents et amis des « héros du 14 octobre », ainsi que des militants et des hommes politiques, se rassembler pour commémorer l’événement. Cependant, le rituel ravive souvent la question de savoir si les jeunes vies perdues ce jour-là ont apporté un réel changement significatif.
Trois ans seulement après la révolte populaire de 1973, s’est déroulé le massacre du 6 octobre 1976, mettant fin à l’une des rares parenthèses démocratiques de la Thailande. L’armée a repris le pouvoir, perpétuant le cercle vicieux des gouvernements civils et des coups d’état militaires qui perdure. L’armée a même tellement pipé les dés que la période Srettha n’est pas 100 % démocratique, puisque les sénateurs à la solde de l’armée ont empêché le parti gagnant des élections de gouverner.
Ce retour actuel à la pseudo-démocratie ne garantit toutefois pas que le cercle vicieux des coups d’état soit terminé.
La question de savoir quel impact le 14 octobre 1973 a eu sur le développement politique thaïlandais reste un sujet de débat majeur à ce jour. D’autant que l’on commémore le 50e anniversaire de l’événement.
Tout au long de cette semaine, Thai PBS World (agence nationale de presse) présentera une série d’analyses pour commémorer cet événement historique, en retraçant ses causes profondes et en évaluant ses impacts sur le paysage politique et social thaïlandais.