
Le projet installé que un parking de Lumpini
La street food fait partie intégrante de l’identité de Bangkok, mêlant saveurs locales, vie quotidienne et convivialité. Pourtant, derrière cette image pittoresque se cache une tension persistante entre culture populaire et réglementation urbaine. La Bangkok Metropolitan Administration (BMA) relance aujourd’hui ses efforts pour réorganiser les trottoirs de la capitale, dans un contexte où l’équilibre entre ordre public et survie économique reste délicat.
Un sondage NIDA réalisé en février 2025 auprès de 1 319 résidents montre que plus de 92 % achètent régulièrement auprès des vendeurs de rue. Si la majorité apprécie leur accessibilité, 59 % estiment que ces activités devraient être limitées aux larges trottoirs, et 13,8 % soutiennent une interdiction totale.
En 2016, une vaste opération menée par l’ancien gouverneur Sukhumbhand Paribatra avait expulsé plus de 10 000 vendeurs de 23 districts, notamment dans les quartiers centraux comme Sukhumvit et Ratchaprasong. Cette décision avait durement frappé les commerçants.
Relogés devant le parc Lumphini, les vendeurs ont vu leurs revenus chuter, mais ont continué à travailler malgré des conditions précaires. Aujourd’hui, cet espace est à nouveau transformé pour accueillir le premier centre de street food officiel de Bangkok : le Lumphini Hawker Centre.
Ce projet pilote, inspiré du modèle singapourien, vise à offrir un cadre structuré, propre et sécurisé. Il accueillera 88 stands par rotation (matin et soir), avec priorité donnée aux anciens vendeurs de Sarasin Road. Le bâtiment, écologique et ventilé naturellement, sera réservé aux Thaïlandais disposant d’une carte de protection sociale ou gagnant moins de 180 000 bahts par an.
Ce centre s’inscrit dans une vision plus large de la BMA pour améliorer la circulation piétonne et sécuriser les espaces publics. Des mini centres similaires ont déjà vu le jour dans plusieurs districts.
Pour les vendeurs, cette transition suscite espoir et inquiétude : certains y voient une chance de travailler légalement, d’autres redoutent la perte de clientèle. Mais tous espèrent que la street food de Bangkok ne disparaîtra pas. On ne sait pas si ces espaces contraints sauront garder l’esprit « commerce de rue » ou si, avec les règles évoquées, ils ne deviendront pas une sorte de « soupe populaire ».