
2025 restera comme une année de crise majeure pour l’institution bouddhiste thaïlandaise. Le Sangha, nom masculin, pilier spirituel du pays, a été secoué par une série de scandales sans précédent, mêlant fraudes financières, abus d’autorité et inconduites sexuelles. Jamais la hiérarchie monastique n’avait été autant scrutée par la justice et le gouvernement.
Selon les données policières et judiciaires, plus de 80 affaires ont été révélées au fil de l’année. Certaines relevaient de l’anecdotique, comme ce moine de Chiang Mai ayant payé un confrère pour le remplacer lors d’un examen de pali. Mais d’autres ont pris une ampleur nationale. À Nakhon Sawan, un abbé a été découvert vivant en secret avec une épouse depuis des années. À Bangkok, un autre a été accusé d’avoir inventé la disparition de 10 millions de bahts en cash et en lingots d’or.
Le scandale le plus retentissant reste celui de “Miss Golf”, en juillet. Wilawan Emsawat, accusée d’entretenir des relations sexuelles avec des moines influents, aurait enregistré les rencontres pour extorquer des fonds. Les enquêteurs ont mis au jour des transactions de 385 millions de bahts en trois ans, liées à des plateformes de jeux en ligne. Plus de 80 000 photos et vidéos ont été saisies, et 13 moines ont été défroqués.
En mai, Phra Thamma Wachiranuwat, abbé de Wat Rai Khing et chef ecclésiastique de la région 14, s’est rendu à la police. Il est soupçonné d’avoir détourné plus de 300 millions de bahts des comptes du temple vers des sites de baccarat. Les investigations ont révélé un flux total de 500 millions de bahts en transactions liées au jeu.
En août, c’est Luang Pho Alongkot Tikkapanyo, ancien abbé de Wat Phra Bat Nam Phu, qui a été arrêté pour malversations et blanchiment d’argent. Dans la foulée, la Gazette royale a retiré leurs titres à 81 moines jugés coupables de comportements “spirituellement nuisibles”.
Face à l’ampleur des scandales, les autorités ont lancé “Operation Temple Grounds Sweep”, perquisitionnant plus de 200 sites et visant 154 moines et 27 ex‑moines pour des délits allant du blanchiment à la drogue.
Cette année noire a poussé le gouvernement à imposer un contrôle financier renforcé sur les temples. Une mesure qui marque un tournant historique dans la régulation du Sangha, mais qui laisse une société profondément ébranlée par la perte de confiance envers ses guides spirituels.
Le patriarche suprême de Thaïlande, Somdet Phra Ariyavongsagatanana IX (Amborn Ambaro), âgé de 98 ans, est censé disposer de l’autorité nécessaire pour agir contre les moines contrevenants. Mais, bien que son rôle religieux lui confère un immense respect, son grand âge ne lui permet plus d’avoir l’énergie et la vigueur indispensables pour sévir efficacement. Il réside au temple Ratchadabophit où il a reçu le pape François.



