
La tension est montée d’un cran à la frontière thaïlando‑birmane après qu’un obus tiré depuis le Myanmar a explosé en territoire thaïlandais, blessant deux habitants de la province de Tak. L’armée thaïlandaise prévient désormais qu’elle pourrait appliquer des règles d’engagement plus strictes si un nouvel incident se produit.
Un obus de 81 mm frappe un village de Mae Sot
L’explosion s’est produite le 5 décembre, vers 12 h 30, dans le village de Mae Kon Ken, l’une des zones les plus exposées du district de Mae Sot, face à l’État birman de Kayin, où les combats se sont intensifiés ces dernières semaines.
Deux personnes âgées ont été blessées lorsque l’obus est tombé près de leur maison. Des habitations, des clôtures et plusieurs véhicules ont également été endommagés par les éclats.
Les autorités locales ont immédiatement ordonné l’évacuation des résidents du Village 9 vers des zones sûres ou chez des proches, tandis que les patrouilles militaires étaient renforcées.
L’armée thaïlandaise hausse le ton
Le 6 décembre, en déplacement à Songkhla, le chef des forces armées, le général Ukrit Boontanon, a confirmé que le tir provenait probablement des affrontements opposant l’armée birmane à des groupes armés ethniques dans l’État Karen. Selon lui, l’obus aurait franchi la frontière à la suite d’un tir mal calculé.
Il a détaillé la réponse thaïlandaise :
- la force spéciale Ratchamanu a tiré des obus fumigènes d’avertissement, conformément aux règles d’engagement actuelles ;
- les officiers thaïlandais ont contacté leurs homologues via le comité frontalier TBC, mécanisme bilatéral de coordination ;
- des avertissements ont été adressés à la fois aux forces gouvernementales birmanes et aux groupes ethniques pour éviter toute nouvelle incursion de tirs ;
- les patrouilles ont été renforcées dans les zones jugées à risque.
Le général Ukrit a prévenu que si un nouvel obus franchissait la frontière, les règles d’engagement seraient appliquées « plus strictement ». Des préparatifs sont déjà en cours pour une éventuelle évacuation élargie des civils.
Un député critique une réponse trop timide
Le député Kannavee Suebsang, du Fair Party, estime que la réaction du gouvernement est insuffisante. Selon lui, la situation se dégrade rapidement à l’approche des élections organisées par la junte birmane. Il avance même que le tir pourrait avoir été intentionnel, destiné à provoquer une réaction thaïlandaise et à faire pression sur la Karen National Union (KNU).
Il reproche également au ministère des Affaires étrangères de ne pas avoir émis de note de protestation officielle et accuse Bangkok de « laisser les habitants de la frontière seuls face au danger ».
Des civils birmans fuient vers la frontière
Les combats dans l’État Karen ont poussé de nombreux habitants, notamment des Karen de Lay Kay Kaw, à se réfugier près de la rivière Moei, en face de Mae Sot. Les autorités thaïlandaises ont mis en place des zones sécurisées et appellent les résidents à rester prudents alors que la situation demeure volatile.



