Un pont reliant le continent à une île touristique ne promet pas nécessairement plus de prospérité à cette dernière. Cela pourrait simplement lui amener davantage de problèmes.
Un projet de construction d’un pont reliant le sud du continent à l’île de Samui devrait avancer après la première série d’audiences publiques tenue fin juillet sur trois sites : Surat Thani, Nakhon Si Thammarat et Koh Samui.
Tous les participants ont accueilli le projet avec enthousiasme, espérant que la connexion terrestre soutiendrait l’économie locale et amènerait davantage de touristes à Koh Samui, selon l’Autorité des voies express de Thaïlande (Exat), l’agence en charge du projet.
« Le pont sera une option pour les usagers de la route, leur offrant commodité et sécurité vers Koh Samui », indique le communiqué.
Le projet de pont de 20 kilomètres était évoqué depuis longtemps par les autorités et les habitants pour ouvrir l’île à plus de vacanciers et générer davantage de richesse économique.
Le projet a été repris par le Bhumjaithai, en charge des transports et du tourisme, sous l’administration Prayut Chan-o-cha.
La liaison terrestre mettrait fin aux longues files de véhicules encombrant les quais de Surat Thani et de Nakhon Si Thammarat, attendant un ferry pendant les longs week-ends.
Le chantier de construction du pont n’est pas finalisé. Les points de départ potentiels sont Don Sak à Surat Thani et deux endroits dans le district de Khanom de Nakhon Si Thammarat, très proches de Samui.
L’Exat prévoit que la construction débutera en 2028 et que le pont sera mis en service fin 2030 si le projet obtient l’approbation finale du gouvernement après de nouvelles auditions et une étude d’impact environnemental.
Alors que le Premier ministre Srettha Thavisin montre clairement que le tourisme figure en tête dans l’agenda du gouvernement, le projet de pont pourrait être accéléré, car de nombreuses entreprises de l’île veulent rivaliser avec Phuket.
En fait, le secteur du tourisme est l’un des rares moteurs dont dispose le gouvernement pour faire avancer l’économie dans un contexte de ralentissement des exportations et de faiblesse de la consommation intérieure.
Bien entendu, un pont pourrait stimuler l’économie, comme dans le cas du pont de Penang en Malaisie inauguré en 1985. Penang est l’un des États à la croissance économique la plus rapide de Malaisie depuis que le pont est opérationnel.
Mais un pont pourrait aggraver un problème encore non résolu à Koh Samui : son énorme tas d’ordures. L’île du pays compte près de 70 000 habitants et accueille chaque année 2,6 millions de visiteurs, dont 80 % d’étrangers. Ces chiffres ne prennent pas en compte la population non enregistrée qui y travaille, estimée à 300 000 personnes.
Sans le pont Koh Samui croule déjà sous les déchets. La quantité de détritus a augmenté de 120 tonnes par jour en 2008 à 143 tonnes en 2015 et environ 200 tonnes aujourd’hui. Cette île paradisiaque a accumulé 200 000 tonnes sur sa décharge principale.
La municipalité de Koh Samui ne parvient pas à résoudre ce problème et n’a aucune perspective en la matière à moins d’envoyer ses ordures sur le continent, notamment à Surat Thani.
Koh Samui doit d’abord trouver un moyen de se débarrasser de sa montagne de détritus car elle continuera à croître avec davantage de touristes si le pont est construit et mis en service.
Peut-être que c’est simplement le résultat d’une possible incurie des autorités ?
Il est certain que le sur-tourisme et la saleté qui pourrait résulter de la construction du pont nuiront finalement au tourisme car Personne ne veut visiter une île paradisiaque ensevelie sous une montagne d’ordures odorantes.