
La Commission électorale thaïlandaise (EC) a frappé fort. Elle a ordonné la révocation des droits civiques et engagé des poursuites pénales contre deux hommes soupçonnés d’avoir monté un réseau d’achat de voix destiné à influencer les élections sénatoriales de 2024.
Selon la décision rendue cette semaine, Thanawut Saengarun, électeur lors de ces sénatoriales au niveau provincial à Maha Sarakham, et Sajjapong Phumisak, ancien maire local, auraient joué un rôle central dans un système visant à recruter des électeurs au niveau national et à coordonner des votes en échange d’avantages financiers.
Réunions secrètes et promesses de paiements
L’enquête révèle que les deux hommes auraient organisé plusieurs réunions au Pathum Thani Place Hotel, où des électeurs étaient invités à participer à un plan de vote coordonné.
Thanawut aurait reconnu avoir été sollicité pour rassembler des électeurs nationaux, espérant toucher une part des paiements promis. Des témoins affirment l’avoir entendu évoquer un certain “Bird”, présenté comme un financier prêt à payer « au kilo » si les électeurs parvenaient au 3e tour de ces élections, c’est-à-dire au niveau national.
La CE estime qu’il a activement incité des électeurs à s’entendre sur leur vote, en violation de la Section 77(1) de la loi organique de 2018 sur la sélection du Sénat, qui impose un processus indépendant et fondé sur l’évaluation entre pairs.
Offres de 200 000 bahts et promesse de 10 millions
De son côté, Sajjapong est accusé d’avoir proposé 200 000 bahts par électeur, ainsi qu’un paiement de 10 millions de bahts à un responsable qui « contrôlait » un bloc de 80 électeurs nationaux.
r’eDes captures d’écran de discussions Line, des photos et plusieurs témoignages le placent au cœur de l’organisation : réservation d’hôtels, coordination logistique, discussions sur les votes groupés. Un message interne aurait même assuré aux participants que « personne ne repartirait les mains vides ».
Des publications Facebook de mai et juin 2024 montrent également Sajjapong assistant à des réunions politiques avec un sénateur élu d’Udon Thani, contredisant sa version selon laquelle il se trouvait simplement en visite familiale.
Vers une décision de la Cour suprême
La Commission électorale estime disposer de preuves crédibles démontrant une collusion portant atteinte au principe constitutionnel d’une sélection sénatoriale indépendante.
Elle a donc saisi la Cour suprême pour demander la révocation des droits électoraux des deux hommes et a ordonné au parquet d’engager des poursuites pénales.
Les observateurs jugent ces deux suspects mineurs face à l’ampleur des fraudes constatées en juin‑juillet 2024.



