À partir du 1er janvier 2026, le Département des douanes thaïlandais appliquera des droits d’importation sur les biens d’une valeur inférieure à 1 500 bahts (environ 40 euros). Jusqu’ici exemptés, ces produits seront désormais taxés, une mesure qui suscite autant d’espoirs que d’inquiétudes.
Selon Kulthirath Pakawach‑krilers, présidente de l’Association thaïlandaise du e‑commerce, cette décision devrait avant tout profiter aux fabricants locaux et aux vendeurs domestiques. Les acheteurs devaient payer la TVA et les droits de douane sur les articles d’une valeur supérieure à 1500 bahts, tandis que de nombreux produits bon marché ou « babioles », souvent importés de Chine, entraient sur le marché sans taxation. La réforme rétablit donc une forme d’équité et pourrait renforcer la compétitivité des acteurs thaïlandais.
Mais l’autre face de la médaille est moins favorable. Les petits commerçants et importateurs qui dépendent de ces objets à bas prix verront leurs coûts grimper. Ils devront soit absorber ces charges supplémentaires, soit les répercuter sur les consommateurs, ce qui pourrait entraîner une hausse des prix de détail. Certains entrepreneurs avaient d’ailleurs suggéré de suivre le modèle indonésien, qui interdit la vente en ligne de produits importés valant moins de 100 dollars, afin de protéger les producteurs locaux et d’élever la qualité des marchandises disponibles.
Les industriels appellent aussi à plus de transparence dans l’application de la mesure et à la mise en place d’un système numérique unifié, directement connecté aux plateformes de e‑commerce. D’après Phantong Loykulnanta, directeur général des douanes, cette nouvelle taxe devrait générer environ 3 milliards de bahts de recettes supplémentaires.
Malgré un contexte économique difficile — consommation intérieure faible et endettement des ménages en hausse — l’économie numérique thaïlandaise reste robuste. Le rapport annuel e‑Conomy SEA (Google, Temasek, Bain & Company) estime que la valeur brute des transactions atteindra 56 milliards de dollars en 2025, portée par l’essor du e‑commerce et du « commerce vidéo ». La Thaïlande conserve sa place de deuxième économie numérique d’Asie du Sud‑Est, avec une projection comprise entre 90 et 160 milliards de dollars d’ici 2030.
Le pays est déjà le marché de e‑commerce à la croissance la plus rapide de la région, avec une expansion prévue à 33 milliards de dollars en 2025. Le nombre de vendeurs en vidéo commerce a bondi de 175 % en un an, atteignant 850 000. À l’horizon 2030, la valeur du secteur devrait grimper à 59 milliards de dollars.
Une dynamique impressionnante, mais que la nouvelle taxe pourrait ralentir si elle pèse trop lourd sur les petits acteurs.
