Un rapport de l’ONU indique que la junte est toujours en mesure d’accéder aux armes et à l’argent malgré les sanctions et autres mesures, et ce, grâce à la Thaïlande. La valeur des armes et matériels connexes exportés de Thaïlande vers le Myanmar a doublé au cours de l’exercice 2023-24 pour atteindre 120 millions de dollars, selon un rapport d’un expert des Nations Unies.
Le rapport de Tom Andrews, rapporteur des Nations Unies sur les droits de l’homme au Myanmar, indique que même si les efforts internationaux visant à isoler la junte au pouvoir au Myanmar ont partiellement réussi, le régime militaire est toujours en mesure d’accéder à l’argent et aux armes.
Si les entreprises basées à Singapour ont diminué leurs envois grâce aux efforts du gouvernement local, les entreprises thaïlandaises ont comblé le vide, indique le rapport intitulé « Commerce de la mort : comment les banques et des gouvernements aident la Junte au Myanmar ».
M. Andrews a identifié 16 banques de 7 pays qui ont traité des transactions liées aux achats militaires du Myanmar au cours des deux dernières années, et 25 autres qui ont fourni des services bancaires à la junte.
« En s’appuyant sur des institutions financières disposées à faire des affaires avec les banques publiques du Myanmar sous son contrôle, la junte a facilement accès aux services financiers dont elle a besoin pour commettre ses crimes contre des civils », a-t-il déclaré. .
Le Myanmar est plongé dans la tourmente depuis que l’armée a pris le pouvoir illégalement en 2021, ce qui a déclenché des sanctions financières de la part des pays occidentaux. Le mouvement de protestation contre le coup d’État s’est transformé en une véritable guerre civile, l’armée étant accusée d’avoir lancé des frappes aériennes contre des civils.
Le rapport révèle que la valeur des armes et assimilés importés par la junte s’élève à 253 millions de dollars au cours de l’exercice clos en mars 2024. C’est un tiers de moins qu’en 2023, indique le rapport, grâce aux efforts déployés par Singapour pour empêcher ses entreprises d’aider le régime militaire. M. Andrews a déclaré que les sanctions peuvent avoir un impact sur la capacité de la junte à se réarmer, et donc réduire les massacres et bombardements de civils.
L’armée du Myanmar nie les accusations selon lesquelles elle aurait commis des atrocités contre des civils et déclare que les sanctions ne font que retarder le plan visant à ramener la démocratie (sic).
La valeur des exportations de Singapour est passée de plus de 110 millions de dollars en 2022 à 10 millions. Toutefois, la Thaïlande a partiellement comblé cette lacune. Les entreprises enregistrées en Thaïlande ont envoyé des armes pour une valeur de 120 millions de dollars au cours de l’exercice 2023, contre 60 millions de dollars l’année précédente, selon le rapport.
« Les banques thaïlandaises jouent un rôle crucial. La Siam Commercial Bank, par exemple, a vu les transactions avec la junte passer de 5 millions de dollars à 100 millions de dollars en 2023. Les entreprises thaïlandaises ne sont mises à vendre des pièces de rechange pour ses hélicoptères Mi-17 et Mi-35 que les sociétés de Singapour fournissaient auparavant », indique le rapport.
Les hélicoptères sont utilisés pour transporter des soldats et mener des frappes aériennes sur des civils, comme en avril 2023 contre le village de Pazigyi où 170 personnes, dont 40 enfants sont morts.
Le Premier ministre thaïlandais Srettha Thavisin a déclaré à Reuters dans une interview en avril que la Thaïlande ne prendrait pas parti. Ne pas prendre parti, c’est déjà prendre parti. Vendre des armes, c’est doublement prendre parti surtout par le biais d’une banque aussi emblématique que la SCB.