
Le changement climatique menace l’agriculture thaïlandaise, les chercheurs prévoyant une baisse significative des rendements agricoles au cours des 70 prochaines années. Cela a suscité des appels à une action gouvernementale pour garantir l’approvisionnement alimentaire du pays. Le professeur d’économie Witsanu Attavanich de l’Université Kasetsart dirige le projet de recherche lancé en 2017 qui se concentre sur les cultures génératrices de revenus.
A partir de deux scénarios d’augmentation de plus 2 à 3°C ou plus 4,5°C d’ici la fin du siècle, l’étude démontre que la production de riz pourrait chuter de 10,18% à 13,33% d’ici 2100. Notamment les superficies non irriguées, qui constituent les trois quarts des exploitations rizicoles du pays, pourraient connaître une baisse de rendement de 31,9% à 42,2%.
Au rythme actuel, le réchauffement pourrait être bien supérieur à 4,5 ° en 2100.
D’autres cultures essentielles comme la canne à sucre, le manioc et le durian devraient également connaître une réduction considérable de leur rendement au cours des 70 prochaines années – la canne à sucre pourrait chuter de 25 à 35 %. Et pourtant, la recherche montre que de nombreux agriculteurs thaïlandais sont mal préparés aux changements, à cause d’un accès limité aux technologies agricoles innovantes et du vieillissement de la communauté agricole, ce qui en fait le groupe le plus menacé.
L’étude identifie également le manque d’infrastructures technologiques et numériques dans les zones rurales, où résident les 12,6 millions d’agriculteurs du pays, comme facteur d’accélération de la crise. Attavanich propose au gouvernement d’investir dans des réserves d’eau à petite échelle dans des zones isolées et de favoriser les partenariats avec des organisations locales pour offrir une formation aux agriculteurs sur le changement climatique.
Withoon Liemchamroon, de la Fondation BioThai, considère les monocultures comme un problème, car elles contribuent aux émissions de gaz à effet de serre et compromettent la sécurité alimentaire. Il propose un retour à l’agroécologie, en minimisant les produits chimiques et les engrais nocifs, et l’abolition de la monoculture qu’incitent les entreprises monopolistiques alimentaires. Les conglomérats (dont alimentaires) continuent de faire la loi économique en Thaïlande.
Le chef du Département du changement climatique, Pirun Saiyasitpanich, affirme la nécessité de plans d’adaptation au climat, identifiant la sécurité alimentaire comme un élément crucial. On remarque qu’on ne parle même plus d’exportations mais d’autosuffisance alimentaire. Dans un contexte d’augmentation de réchauffement rapide, des actions immédiates et décisives sont vitales selon les experts. Mais aucune mesure ni calendrier précis n’a été annoncé.