
Le gouvernement thaïlandais a réaffirmé son engagement à résoudre les différends frontaliers par des mécanismes bilatéraux, tels que la Commission mixte des frontières (JBC), plutôt que d’impliquer des tiers. Cette déclaration fait suite à un bref affrontement entre les forces thaïlandaises et cambodgiennes le 28 mai au col de Chong Bok, dans la province d’Ubon Ratchathani.
Les troupes thaïlandaises effectuaient une patrouille de routine lorsqu’une confrontation a éclaté, les obligeant à défendre la souveraineté territoriale de la Thaïlande (version thaïlandaise). En réponse, les gouvernements thaïlandais et cambodgien ont engagé des discussions à différents niveaux, y compris entre leurs Premiers ministres, et ont convenu de coopérer pour éviter une escalade.
Le gouvernement a souligné que la situation à la frontière est restée calme depuis l’incident et a exhorté les citoyens thaïlandais à faire confiance à ses efforts pour protéger la souveraineté et les droits légaux du pays. La Commission générale des frontières se réunira le 14 juin, suivie par la Commission régionale des frontières, les deux parties s’étant engagées à encourager leurs médias à éviter d’attiser les malentendus entre leurs populations.
De son côté, le gouvernement royal du Cambodge a publié une déclaration affirmant son engagement envers une politique étrangère axée sur la paix et la coopération avec ses voisins, malgré les tensions frontalières avec la Thaïlande. Il a rappelé son recours historique à la Cour internationale de justice (CIJ) pour résoudre les différends territoriaux, notamment en 1962 et 2013.
La CIJ a chaque fois statué pour le Cambodge, ce qui explique la réticence de la Thaïlande à y retourner pour Mom Bei, le temple Ta Moan Thom, le temple Thom, le temple Ta Moan Tauch et le temple Ta Krabei. Les mécanismes bilatéraux, dont le but semble être de ne pas avancer dans la résolution du problème, permettent à la Thaïlande de dire qu’elle n’a pas perdu ces cinq zones qui restent donc dans les limbes.
L’incident du 28 mai 2025, où un soldat cambodgien a été tué lorsque les forces militaires thaïlandaises ont ouvert le feu sur une position de l’armée cambodgienne dans le village de Techo Morokot, (version cambodgienne) a conduit le Cambodge à déposer une protestation officielle contre ce qu’il considère comme une violation de sa souveraineté. Face aux limites des mécanismes bilatéraux actuels, le gouvernement cambodgien a décidé de soumettre le différend concernant quatre zones sensibles à la CIJ.
Tout en poursuivant cette démarche juridique, le Cambodge reste ouvert au dialogue et accueillera la réunion de la Commission mixte de démarcation de la frontière terrestre (CMB) le 14 juin à Phnom Penh, bien que les zones litigieuses ne soient pas à l’ordre du jour. Le gouvernement cambodgien espère une coopération thaïlandaise pour une résolution conjointe, mais se dit prêt à agir seul si nécessaire. Il appelle les citoyens à la retenue et insiste sur l’importance de préserver des relations normales avec la Thaïlande, notamment dans les domaines du commerce et du tourisme.
Le ministre de la Défense thaïlandais, Phumtham Wechayachai, a visité la 2e région militaire le 4 juin 2025 pour réaffirmer le soutien du gouvernement à l’armée et la défense de la souveraineté thaïlandaise. Il a insisté sur l’importance de la diplomatie pour résoudre les tensions frontalières avec le Cambodge, tout en assurant que les forces thaïlandaises étaient prêtes à répondre à toute situation.
Lors de son déplacement à Ubon Ratchathani, il a apporté un soutien moral aux troupes et a clarifié que les mines terrestres récemment signalées étaient des vestiges anciens, dénonçant les fausses informations qui alimentent les malentendus. Il a souligné que la Thaïlande ne compromettrait pas sa souveraineté et que le gouvernement était prêt à financer des améliorations opérationnelles pour l’armée.
Phumtham a mis en avant une approche diplomatique proactive, privilégiant le dialogue direct. Il a salué la discipline des troupes et exhorté à la retenue pour éviter toute escalade inutile. Enfin, il a appelé les citoyens à garder leur calme et à faire preuve de discernement face aux tensions internationales.
La Première ministre Paetongtarn Shinawatra a défendu les liens étroits entre sa famille et celle de l’ancien Premier ministre cambodgien Hun Sen, et donc son fils, le Premier ministre Hun Manet, affirmant que cette relation pouvait faciliter la résolution des conflits frontaliers entre la Thaïlande et le Cambodge. Elle a toutefois précisé que son gouvernement ne céderait aucun territoire thaïlandais.
Elle a appelé à l’unité nationale face aux tensions et exhorté les Thaïlandais à ne pas se laisser influencer par de fausses informations susceptibles d’aggraver la situation. Elle a souligné que le gouvernement, l’opposition et le peuple formaient ensemble la Thaïlande et que l’armée était régulièrement consultée sur les questions frontalières.
Maintenant, on peut se demander à qui profite cette pantalonnade. Des deux côtés, les ultranationalistes se réjouissent. En Thaïlande, l’armée se retrouve au centre du jeu. Au Cambodge, Hun Sen revient dans le débat. La pression des ultras est telle qu’il devient difficile pour les modérés de faire entendre raison à la population.
MàJ
La Thaïlande est furieuse que le Cambodge ne veuille pas évoquer les zones convoitées lors de la réunion du 13 juin.
La Thaïlande accuse les soldats cambodgiens d’entrer dans un no man’s land. Le Cambodge répond que cela aurait un sens si le no man’s land se trouvait à cheval sur la frontière, mais, comme il se trouve en territoire cambodgien, ce n’est plus un no man’s land, c’est un territoire que la Thaïlande revendique.
Enfin, les ultranationalistes thaïlandais manifestent en demandant que le gouvernement laisse l’armée gérer cette affaire, car les Shinawatra sont trop proches de Hun Sen – Hun Manet. Et on a peut-être là une clé de cette pantomime. La petite escarmouche du 28 mai pourrait, à terme, écarter les Shinawatra du pouvoir en Thaïlande, un but que se sont fixé les ultraconservateurs depuis 20 ans, utilisant de multiples moyens, dont deux coups d’État.