
Texte in extenso
Démocratie et droits humains en Thaïlande, notamment les questions liées à la loi sur le crime de lèse-majesté et à l’expulsion de réfugiés ouïgours
Le Parlement condamne l’expulsion de réfugiés ouïghours vers la Chine et appelle les autorités thaïlandaises à cesser toute nouvelle reconduite forcée vers des pays où la vie des personnes concernées est menacée. Les députés demandent à la Commission de mettre à profit les négociations sur l’accord de libre-échange avec la Thaïlande pour inciter celle-ci à réformer la loi sur le crime de lèse-majesté, libérer les prisonniers politiques, mettre fin aux expulsions de réfugiés ouïghours et ratifier l’ensemble des conventions fondamentales de l’Organisation internationale du travail (OIT).
Les députés exhortent le gouvernement thaïlandais à garantir au Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) un accès sans restriction à l’ensemble des demandeurs d’asile ouïghours en détention et à fournir des informations transparentes sur leur situation. Ils appellent également la Thaïlande à renforcer ses institutions dans le respect des normes internationales en matière de droits humains et à accorder une amnistie aux parlementaires et militants poursuivis ou emprisonnés en vertu de lois répressives, y compris sur la base de condamnations pour crime de lèse-majesté.
Le Parlement demande la suspension des traités d’extradition avec la Chine et rappelle que Pékin doit respecter les droits fondamentaux des Ouïghours expulsés, garantir la transparence sur leur sort, permettre l’accès du HCR et libérer les détenus.
La résolution a été adoptée par 482 voix pour, 57 contre et 68 abstentions.
Les observateurs thaïlandais considèrent que :
On ne sait pas pourquoi l’UE se permet de juger ses partenaires. L’Union européenne se comporte comme une force morale en intégrant diverses questions non commerciales aux négociations de l’accord de libre-échange (ALE) avec la Thaïlande, alors même qu’elle risque de se retrouver confrontée à une guerre commerciale avec son principal partenaire commercial, les États-Unis. Au lieu de se concentrer sur les questions purement commerciales et de chercher des solutions pour faire face aux difficultés à venir, l’UE insiste pour que des questions non commerciales soient incluses dans les négociations. Alors que les États-Unis ne s’intéressent plus aux droits humains et rejoignent le camp des autocraties, l’Europe, souhaite imposer une certaine morale à un monde qui n’en veut plus. Complètement isolée dans un monde où la loi du plus fort prévaut, l’UE est inaudible. Dans le meilleur des cas, son discours sera simplement ignoré avec un sourire poli par la Thaïlande, sinon, il poussera le royaume toujours davantage dans les bras de la Chine.
Au quotidien, les condamnations pour crime de lèse-majesté continuent :
Le 10 août 2020, lors d’une manifestation à l’université de Thammasat, des militants pro-démocratie ont appelé à une réforme de la monarchie, présentant pour la première fois dix propositions. Le 7 mars 2025, neuf militants, dont Panusaya Sithijirawattanakul et Anon Nampa, ont été inculpés de sédition, certains également pour cybercriminalité et violation du décret d’urgence. Le tribunal a condamné Anon, Nutchanon, Sitinon et Luk Mark à neuf mois de prison sans sursis. Panupong et Parit, absents au tribunal, font l’objet de mandats d’arrêt. Nutchanon, Sitinon et Luk Mark ont été libérés sous caution, tandis qu’Anon risque une peine totale de 18 ans et 19 mois. Les affaires ont été regroupées, car elles reposaient sur les mêmes faits et preuves.