
Move Forward Party a rayé le mot parti de son logo. Ne reste plus que "Aller de l'avant".
La Cour constitutionnelle a décidé à l’unanimité mercredi après-midi la dissolution du parti Move Forward, car il souhaitait modifier l’article 112 du Code pénal (loi sur le crime de lèse-majesté). M. Pita Limjaroenrat était le seul représentant du parti au tribunal.
La Cour interdit également aux membres du conseil exécutif du parti en poste entre le 25 mars 2021 et le 31 janvier 2024 de se présenter aux élections pendant dix ans, d’enregistrer un nouveau parti, d’être membres du conseil d’administration d’un autre parti politique et de participer aux activités politiques d’un parti pendant dix ans.
Il s’agit de Pita Limjaroenrat, -Nateepat Kulsetthasith – Nakornpong Supanimitrakul -Padipat Suntiphada – Somchai Fangchonchit -Amarat Chokepamitkul -Apichat Sirisoontron -Bencha Saengchantra – Suthep U-on – Abhisit Promrit Padipat (vice-président de l’assemblée).
Annonçant sa décision à 15 heures, le tribunal a déclaré que le parti représentait une menace pour la monarchie constitutionnelle et la sécurité nationale. Il a rappelé une proposition du parti visant à modifier la loi 112 lors de sa campagne pour les élections exprimée le 14 mai 2023 et répétée ensuite.
Les députés non bannis du parti ont 60 jours pour trouver un nouveau parti sous peine de perdre leur statut de député.
Move Forward a remporté les élections de 2023 mais n’a pas pu former un gouvernement car de nombreux sénateurs nommés par la junte -ayant fomenté le coup d’état de 2014- se sont opposés à Pita justement en raison de la proposition du parti de modifier la loi sur lèse-majesté. Le parti Pheu Thai a ensuite formé une nouvelle coalition sans Move Forward, et ce dernier est passé dans l’opposition.
Les amendements proposés par le MFP comprenaient l’exigence selon laquelle toute plainte de lèse-majesté doit être déposée par le Bureau de la Maison Royale. Actuellement, n’importe quel individu ou groupe peut déposer une plainte pour diffamation royale contre n’importe qui, et la police est obligée d’enquêter ce qui amène à des abus. En ce sens, le MFP affirme qu’il voulait améliorer la loi pour le bénéfice même de la monarchie.
Move Forward a également appelé à des réductions de peine pour crime de lèse-majesté afin de les aligner sur ce qui est pratiqué dans les autres monarchies de la planète.
Le 31 janvier, la Cour constitutionnelle a statué que les efforts de Move Forward pour modifier l’article 112 reflétaient une intention de saper la monarchie constitutionnelle. Il a également ordonné au parti de cesser toute tentative de réécrire l’article 112. Cette décision a servi de base à la Commission électorale pour demander la dissolution du parti à cette même Cour constitutionnelle.
Move Forward a nié tout acte répréhensible. Il a, par ailleurs, fait appel à de nombreux juristes pour prouver la validité de son point de vue, mais le tribunal a refusé de les entendre.
Move Forward est né des cendres du Future Forward Party, dissous en 2020 pour avoir accepté un prêt de l’un de ses fondateurs. Lorsque Future Forward a été dissous, ses députés ont rejoint Move Forward, un parti fondé en 2014 et basé à Udon Thani. Tous les députés de Move Forward devraient maintenant rejoindre le parti peu connu Thinkakhao Chaovilai.
Le parti Move Forward (MFP) a modifié son logo en supprimant le mot « Parti ». Malgré la dissolution, les militants ont annoncé leur intention de poursuivre leurs activités.
Les observateurs ne pensent pas que cette dissolution entraînera de grandes manifestations comme cela avait été le cas en 2020 après la dissolution de FF car la plupart de meneurs de ces rassemblements sont en prison ou en exil.
De nos jours, le mouvement réformiste est sûr de sa force puisqu’il a gagné les élections de 2023. Il sera favori en 2027, même si, évidemment, les électeurs peuvent se lasser de voter pour un parti systématiquement dissous par le régime. Enfin, on peut se demander qui a gagné aujourd’hui car ce genre de décision de la « justice » ne rendra pas le régime plus populaire, au contraire.