"moulin" à Roi Et
Les prix du riz en Thaïlande atteignent leur plus bas niveau depuis 18 ans, fragilisant producteurs et usines de décorticage du riz ou « moulins ».
Les marchés asiatiques du riz restent déprimés cette semaine, avec une demande en berne et une offre abondante issue des nouvelles récoltes. En Thaïlande, le riz brisé à 5 % est tombé à 335 dollars la tonne, son plus bas niveau depuis octobre 2007.
« Les acheteurs se tournent vers l’Inde, qui propose du riz à des prix plus bas », explique un négociant basé à Bangkok. Face à cette pression, de nombreux agriculteurs envisagent de réduire leurs surfaces cultivées.
La fin de la saison des pluies a entraîné un afflux de riz sur le marché thaïlandais, aggravant la situation. En Inde, les prix restent stables entre 344 et 360 dollars la tonne selon les variétés, tandis qu’au Vietnam, le riz brisé à 5 % se maintient entre 415 et 430 dollars.
La baisse des prix touche aussi les sous-produits : le son de riz a perdu 40 %, le riz brisé entre 35 et 40 %. Résultat : plus de 90 % des moulins à riz thaïlandais enregistrent des pertes. « Les prix ont chuté de moitié par rapport à l’an dernier », déplore Banjong Tangjitwattanakul, président de l’Association des moulins à riz.
Le riz blanc, qui se vendait entre 10 000 et 12 000 bahts la tonne en 2024, est désormais coté à 6 200 bahts pour le paddy à 15 % d’humidité, et à 5 000 bahts pour le paddy frais à 25 %.
Les professionnels du secteur demandent au gouvernement de revoir sa politique d’importation de céréales comme le maïs, le blé et l’orge, qui accentuent la pression sur les prix du riz.
Le gouvernement autorise l’importation de grandes quantités de céréales étrangères, souvent à prix réduit ou exonérées de taxes. Destinées à l’alimentation animale, ces céréales entrent en concurrence directe avec les sous-produits du riz comme le son ou le riz brisé. Résultat : les éleveurs privilégient les matières premières importées, ce qui fait chuter les prix des dérivés du riz et fragilise les revenus des unités de transformation rizicole.
Le ministère du Commerce est appelé à intervenir pour stabiliser les prix et soutenir les agriculteurs confrontés à des coûts de production élevés.
L’Association des producteurs de cultures réclame également l’annulation de l’importation de maïs OGM destiné à l’alimentation animale, estimant que la Thaïlande dispose de suffisamment de matières premières locales.
En 2024, le pays devrait enregistrer un excédent de plusieurs céréales énergétiques, dont 4,56 millions de tonnes de maïs et 3,72 millions de tonnes de riz brisé. Les acteurs du secteur appellent à privilégier les ressources locales pour soutenir l’économie et éviter une crise du riz.


