Les détails contenus dans les plaintes détermineront si le chef du parti Move Forward, Pita Limjaroenrat, est disqualifié pour être Premier ministre et si les élections générales de mai doivent être annulées, selon le vice-Premier ministre par intérim Wissanu Krea-ngam.
Le microcosme politique thaïlandais considère que Wissanu a largement semé le trouble et aurait mieux fait de se taire. Mais ce fidèle, civil, de la junte depuis le premier jour est trop avisé pour gaffer sans le faire intentionnellement, même si cela nuit à la Thaïlande.
M. Wissanu, le gourou juridique du cabinet actuel, a déclaré mercredi au siège du gouvernement que la plainte contre la participation de M. Pita dans iTV Plc étaient un facteur clé.
Si une plainte vise simplement l’éligibilité de M. Pita, il ne sera plus député mais il pourrait toujours être Premier ministre, car le Premier ministre n’est pas tenu d’être député, a-t-il déclaré.
Si une plainte vise la qualification de M. Pita en tant que premier ministre, il pourra toujours être député, a déclaré M. Wissanu, mais peut-être pas premier ministre.
« Si la plainte vise les deux statuts, le tribunal statuera sur les deux », a-t-il déclaré.
Une plainte pourrait également remettre en question le fait que M. Pita a endossé les adhérents du parti Move Forward, a déclaré M. Wissanu.
« Dans ce cas, il faudrait qu’il y ait de nouvelles élections générales nationales », a-t-il déclaré. Sous entendu avec ou sans le Move Forward ?
M. Wissanu a déclaré « C’est au plaignant de décider. La Cour [constitutionnelle] statuera sur la question précise posée dans la plainte », a-t-il dit. Selon Somchai Srisutthiyakorn, ancien membre de la commission électorale, Wissanu est en train de manipuler la CE et les royalistes radicalisés qui portent plainte de manière compulsive.
La constitution interdit à un actionnaire d’un média de se présenter à une élection générale et M. Pita est contesté en raison d’actions (héritées) dans iTV Plc, qui a depuis longtemps été englobé dans Thai PBS (2007) et n’émet plus.
Les plaintes déposées auprès de la commission électorale visent son statut de député, le fait qu’il a endossé des candidats de Move Forward aux élections du 14 mai et l’ensemble du cabinet qu’il formerait. Autant dire qu’il n’y aura aucun échappatoire si comme par le passé la « justice » dissout le parti qui gêne le régime.
« Mais vous ne devriez pas avoir tant d’imagination. Considérez la question étape par étape. La commission électorale n’a pris aucune mesure négative, à date. », a déclaré M. Wissanu.
Le royaliste extrémiste Ruangkrai Leekitwattana, qui a déposé les plaintes à répétition, a déclaré qu’elles couvrent tous les points, y compris le fait que Pita a endossé tous des candidats du MFP.
Les sénateurs nommés par la junte commencent à se lâcher. Ainsi Jadet Insawang propose de mettre de côté l’application de certaines « lois problématiques » dans la constitution (comprendre la démocratie et le résultat des élections) afin d’établir un « gouvernement d’union nationale » qui exclut l’opposition. Ce qui est un oxymore.
Hier, Varawut Silpa-archa, le chef du Chart Thai Pattana, a déclaré que la rencontre entre le candidat du Pheu Thai PM Srettha Thavisin et le chef du Bhumjaithai Anutin Charnvirakul lors d’un match de football à Leicester pouvait être considérée comme la formation d’un gouvernement d’union nationale. Ce que les intéressés nient.
Le sénateur Jadet a fait valoir qu’un gouvernement d’union nationale aiderait le pays à éviter les conflits, car de nombreux sénateurs ne voteront pas pour le candidat Move Forward, Pita Limjaroenrat, en raison de l’intention de son parti de modifier la loi de lèse-majesté, ce que souhaitent pourtant des millions de Thaïlandais. Par ailleurs évincer le parti vainqueur des élections n’éviteraient pas les conflits.
Un gouvernement d’union nationale entraînerait le retour au pouvoir des partis soutenus par l’armée, tels que le parti Palang Pracharath et le parti Ruam Thai Sang Chart, et ils pourraient nommer les Gen Prayut et Gen Prawit comme candidats au poste de Premier ministre putschiste Chan-o-cha qui a largement perdu les élections n’a toujours pas cédé. Les organes nommés par la junte prennent des mesures controversées pour disqualifier le parti qui a gagné les élections.
Réponse de la bergère au berger : « Si nous devons suspendre toute application de la constitution, la suspension du pouvoir de nuisance du sénat de voter pour le Premier ministre devrait être envisagée en premier lieu », a déclaré Sita Divari, candidate Thai Sang Thai membre de la coalition. « Si les députés élus désignent le premier ministre, nous obtiendrons un gouvernement du peuple »
Autre sénateur, autre attaque, Seree Suwanpanont a déclaré mercredi qu’il pensait que la formation des groupes de travail au sein de la coalition était la tentative du MFP d’intensifier le soutien populaire à sa coalition et de faire pression sur la CE et le Sénat. « Je pense qu’ils auraient dû attendre que le gouvernement soit formé », a-t-il déclaré.
Le fait que TRUE visions ait censuré l’interview sur la BBC de Pita montre que le régime (TRUE appartient à CP, plus gros conglomérat de Thaïlande qui influence la politique économique de Prayut) est prêt à en découdre avec la volonté du peuple. On notera que AIS (jusqu’à preuve du contraire) diffuse le signal de la BBC sans coupure. Même chose pour TV5.
Jadet
