
Lors d’un séminaire consacré à l’endettement des entreprises thaïlandaises, Wichayayuth Boonchit, secrétaire général adjoint du Conseil national pour le développement économique et social (NESDC), a mis en garde contre un « cercle diabolique » qui menace la stabilité économique du pays. Selon lui, l’endettement croissant et la hausse des prêts non performants (NPLs) alimentent un cycle où les emprunts servent à résoudre des problèmes structurels, sans générer de croissance suffisante — ce qui pousse à contracter encore plus de dettes.
Le système de crédit est fortement concentré : 90 % des prêts bancaires sont accordés à de grandes entreprises disposant de lignes de crédit supérieures à 500 millions de bahts, tandis que les PME, pourtant essentielles à l’économie, ne reçoivent que 10 % des financements. Wichayayuth appelle le nouveau gouvernement à éviter toute mesure qui aggraverait la dette publique, laquelle ne devrait pas dépasser le seuil de 70 % du PIB. Il recommande des politiques concrètes : stimuler la consommation intérieure, soutenir le tourisme, diversifier les exportations et renforcer l’appui aux PME.
Parallèlement, la confiance des consommateurs thaïlandais a chuté pour le septième mois consécutif en août, atteignant son plus bas niveau en 32 mois. L’indice est passé de 51,7 à 50,1, selon l’Université de la Chambre de commerce thaïlandaise. Les causes : une reprise économique inexistante, l’instabilité politique et les incertitudes liées aux tarifs douaniers américains.
Thanavath Phonvichai, président de l’université, estime toutefois que l’arrivée du nouveau Premier ministre, Anutin Charnvirakul, pourrait inverser cette tendance. Un « état de grâce » est attendu, avec un regain d’optimisme si le gouvernement parvient à produire des résultats tangibles rapidement. Anutin a déjà annoncé son intention de relancer l’économie, notamment via des nominations stratégiques dans son cabinet.
La croissance du PIB est estimée entre 1,8 % et 2,3 % pour 2025, très loin derrière les pays voisins. Malgré une réduction des droits de douane américains sur les produits thaïlandais, des incertitudes subsistent sur les réexportations via la Thaïlande, un processus complètement illégal. Enfin, la vigueur du baht — en hausse de 8 % cette année — pourrait nuire à la compétitivité des exportations, selon les analystes.
La Thaïlande se trouve donc à un carrefour : entre dette persistante, confiance vacillante et espoirs de relance.