
infographie ThaiPBS
En juin, le nombre de touristes cambodgiens se rendant en Thaïlande a chuté de 48 %, conséquence directe de la fermeture temporaire de plusieurs postes-frontières et de l’escalade des tensions géopolitiques. Ce recul marque un record parmi les baisses mensuelles récentes et révèle la fragilité de la connectivité régionale face aux crises politiques. La situation a provoqué un report massif des flux touristiques vers le Vietnam, perçu comme plus accessible et abordable.
Les données montrent que cette baisse s’inscrit dans une tendance déjà amorcée : entre janvier et mai, les visites cambodgiennes étaient en repli de 14 % par rapport à l’année précédente. Le renforcement soudain des contrôles le 7 juin a précipité le phénomène, avec une chute de 81 % des arrivées en une seule journée. Les visiteurs restants ont surtout transité par voie aérienne, car les routes terrestres étaient devenues imprévisibles ou inaccessibles.
Au-delà des tensions politiques, la crise économique au Cambodge pousse de nombreux voyageurs à opter pour le Vietnam, où les infrastructures transfrontalières se sont améliorées et les prestations touristiques offrent un meilleur rapport qualité-prix. Ce réalignement a fortement impacté les provinces de l’Est thaïlandais, comme Sa Kaeo, Ubon Ratchathani ou Surin, qui dépendent du tourisme de courte durée. Chutes de fréquentation, annulations d’hébergements et pertes de revenus pour les commerçants locaux y sont désormais fréquentes.
Paradoxalement, le trafic aérien entre Bangkok et les grandes villes cambodgiennes reste relativement stable, notamment grâce au retour de Cambodgiens ou aux voyages d’affaires. Certaines compagnies ajustent leurs fréquences pour maintenir la rentabilité tout en assurant une desserte continue.
L’avenir du tourisme cambodgien vers la Thaïlande dépendra de la capacité à rétablir la stabilité aux frontières. Si les tensions s’apaisent, un rebond reste envisageable à l’approche de la haute saison. Mais pour l’heure, la Thaïlande doit affronter un double défi : la sécurité régionale et une concurrence de plus en plus vive.
Face à l’escalade des tensions diplomatiques entre la Thaïlande et le Cambodge, les deux pays ont émis des avis officiels déconseillant les voyages non essentiels sur leur territoire respectif. Le ministère thaïlandais des Affaires étrangères recommande à ses ressortissants d’éviter tout déplacement non nécessaire au Cambodge, appelant ceux qui s’y trouvent déjà à redoubler de prudence, à éviter les manifestations et à suivre les alertes de sécurité diffusées par l’ambassade thaïlandaise à Phnom Penh.
Le communiqué thaïlandais inclut plusieurs contacts d’urgence, tels que les numéros de l’ambassade à Phnom Penh, du consulat à Siem Reap, du centre d’appel consulaire à Bangkok, ainsi qu’un accès via l’application mobile officielle.
De son côté, le Cambodge a réagi en émettant un avertissement similaire à ses propres citoyens, leur conseillant de ne se rendre en Thaïlande qu’en cas d’absolue nécessité. Ceux déjà présents en Thaïlande sont invités à rester vigilants, à se tenir informés par des sources fiables et à éviter les rassemblements publics.
Le ministère cambodgien a également partagé ses propres numéros d’assistance pour les citoyens en Thaïlande, incluant les services consulaires à Bangkok et Sa Kaeo.
Ces mesures de précaution illustrent la dégradation rapide des relations bilatérales, avec une inquiétude grandissante concernant la sécurité des citoyens de part et d’autre de la frontière. Les deux gouvernements appellent à la prudence et à la responsabilité individuelle, dans un contexte tendu où les déplacements transfrontaliers deviennent sensibles.