
Un nouveau front de contestation s’ouvre à Bangkok. Le groupe nationaliste « United Land Power to Protect Sovereignty » a annoncé l’organisation d’une manifestation samedi devant les ambassades des États‑Unis et de Malaisie. Objectif : dénoncer ce qu’il qualifie d’« ingérence étrangère » dans la gestion du conflit frontalier entre la Thaïlande et le Cambodge.
Jatuporn Prompan, figure de ce mouvement, a expliqué que la mobilisation visait directement l’implication du président américain Donald Trump et du Premier ministre malaisien Anwar Ibrahim. Selon lui, les pressions exercées par Washington et Kuala Lumpur sur Bangkok pour accélérer la résolution du différend territorial constituent une atteinte à la souveraineté nationale.
Cette réaction intervient après la décision américaine de suspendre temporairement les négociations commerciales réciproques avec la Thaïlande. Washington conditionnerait leur reprise au respect de la déclaration de paix signée avec Phnom Penh. Or, Bangkok a gelé cet accord à la suite de l’explosion d’une mine antipersonnel qui a blessé plusieurs soldats thaïlandais.
Jatuporn a insisté sur la nécessité de répondre fermement aux menaces de tarifs douaniers américains : « Seule une nation digne peut négocier avec dignité. Nous ne devons pas craindre les représailles économiques, car la protection de notre territoire est prioritaire. » Il a également critiqué l’opposition parlementaire, qui appelle à une approche plus prudente vis‑à‑vis de Washington.
Pour l’instant, le territoire thaïlandais n’est pas directement menacé. Mais les manifestants, proches de l’extrême droite et de l’armée, pourraient rallumer les tensions et pousser l’opinion à rejeter toute paix avec le Cambodge. Le gouvernement, lui, pourrait s’appuyer sur ces mouvements minoritaires pour durcir encore sa position à la frontière.
Sur le terrain, le porte‑parole du gouvernement, Siripong Angkasakulkiat, a confirmé que le retrait des troupes thaïlandaises était reporté, le déminage ayant commencé côté thaïlandais. Il a précisé que les prisonniers de guerre cambodgiens ne seraient libérés qu’une fois les hostilités cambodgiennes terminées.
À l’ONU, la Thaïlande a rejeté les accusations de Phnom Penh selon lesquelles ses soldats auraient tiré sur des civils. Dans une lettre au Conseil de sécurité, son représentant permanent a rappelé les efforts de désescalade entrepris par Bangkok et dénoncé les provocations cambodgiennes, dont la pose récente d’une mine PMN‑2.
Le débat s’étend aussi aux accords bilatéraux. Les mémorandums d’entente 43 et 44, signés en 2000 et 2001 pour la démarcation des frontières terrestres et le développement conjoint des ressources sous‑marines, sont remis en question. L’armée thaïlandaise estime que le problème réside moins dans leur contenu que dans leur application, jugée opaque par Phnom Penh.
Enfin, l’armée a démenti des rumeurs circulant au Cambodge accusant des rangers thaïlandais d’avoir agressé une travailleuse cambodgienne, qualifiant ces informations de « fake news ».



