L’ancien membre de la commission électorale (CE) Somchai Srisutthiyakorn a déclaré que le chef du parti Move Forward, Pita Limjaroenrat, pourrait être dans une situation réellement épouvantable maintenant que la CE a décidé à l’unanimité vendredi de rejeter trois plaintes remettant en question sa qualification pour se présenter le 14 mai. En effet, au lieu de s’en remettre aux procéduriers en série qui déposent des plaintes tous les jours, la CE s’attaque elle-même à Pita.
La CE a décidé de lancer sa propre enquête, conformément à l’article 151 de la loi sur les élections, car elle pense qu’il est « évident » que Pita a enregistré sa candidature sur la liste du parti (à la proportionnelle) en sachant pertinemment qu’il n’avait pas le droit de le faire, puisque possédant des actions de la défunte iTV. C’est le mot « évident » qui laisse à penser que cette fois la CE et le régime est bien décidé à faire tomber Pita.
Somchai a déclaré que l’approche de la CE pourrait causer des problèmes bien plus graves à Pita, car la commission pourrait porter l’affaire devant la police, puis les procureurs et le tribunal pénal, sans même s’adresser à la Cour constitutionnelle. La CE doit cependant être en mesure de prouver que Pita savait ne pas être éligible (puisque possédant des actions de la défunte iTV) et qu’il s’est présenté quand même.
S’il est reconnu coupable par le tribunal pénal, Somchai a déclaré que Pita sera passible d’une peine de 10 ans de prison, d’une amende pouvant aller jusqu’à 200 000 bahts et pourrait être banni de la politique pendant 20 ans.
Bien que la CE ait refusé d’examiner les trois plaintes, Somchai a déclaré qu’au moins 50 députés ou 25 sénateurs peuvent soulever la question auprès de la Cour constitutionnelle, dans le but de disqualifier Pita en tant que député et l’empêcher de devenir premier ministre.
En attendant, la CE va sans doute avaliser son élection car Pita doit d’abord être député pour pouvoir s’attaquer à lui.
Une règle parue la semaine dernière semblait arranger la situation de Thaksin et, pourquoi pas, de Pita : la possibilité de purger sa peine de prison en dehors des geôles.
Mais Selon le ministère, la règle a une application très limitée
Le Département des services correctionnels (DoC) a précisé qu’un nouveau règlement qu’il a publié n’est pas destiné à aider l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra pour qu’il purge sa peine chez lui s’il retourne en Thaïlande.
Le vice-Premier ministre Wissanu Krea-ngam, l’expert juridique du gouvernement, a également déclaré que le règlement n’autorise pas le directeur du Département des services pénitentiaires à faire sortir les condamnés des prisons pour les détenir ailleurs, comme la rumeur le dit.
Thaksin, qui vit en exil volontaire à Dubaï depuis 2008, a déclaré à plusieurs reprises qu’il était déterminé à retourner en Thaïlande en juillet, et à suivre la procédure judiciaire. Il a été condamné par contumace à un total de 12 ans de prison dans quatre affaires de corruption par la chambre criminelle de la Cour suprême pour les hommes politiques.
Le nouveau règlement publié dans la Gazette royale décrit les procédures pour certains prisonniers qui sont sur le point d’être libérés.
M. Sitthi Sutheewong, directeur des services correctionnels a déclaré que le règlement aurait pu amener la population à comprendre (de manière erronée) qu’il était spécialement conçu pour habiliter le département à permettre à certains prisonniers de purger leur peine ailleurs.
Il a appelé les citoyens à ne pas croire aux rumeurs. Il a déclaré que le département ne comptait que 57 détenus auxquels la règle pourrait s’appliquer.
Selon les chiffres officiels du DoC de décembre 2022, 261 919 personnes sont emprisonnées dans ses installations. La capacité réelle du système est de 232 165, selon la Fédération internationale des droits de l’homme. La sortie de ces 57 détenus ne va pas modifier la surpopulation des prisons thaïlandaises.
Wissanu a répété à maintes reprises que Thaksin ira directement de l’avion à la prison, quitte à négocier ensuite. Sa famille l’a bien compris et ne souhaite pas qu’il tente un retour kamikaze. Bien sûr, on imagine que Thaksin a évoqué son cas avec le régime et l’on se demande ce qu’il a obtenu et en échange de quoi. Sinon, il n’évitera pas la prison.
Tout comme Pita, si le régime continue dans la voie actuelle.
