étable à Petchaburi
Une simple bande-annonce d’une émission de talk-show a suffi à déclencher une tempête. Le mois dernier, un teaser de Woody Avenger, animé par Woody Milintachinda, a mis le feu aux (lait en) poudres après que plusieurs influenceurs ont remis en question la qualité du lait de vache produit en Thaïlande. Parmi eux : Savita Sresthaporn (MsHappyDiet), la scientifique alimentaire Nuti Hutasingh et le chirurgien vasculaire Nantapol Pongrattanaman.
Savita a été la cible principale des critiques après avoir affirmé que « la plupart des laits en Thaïlande ne sont pas du vrai lait » et seraient mélangés à du lait en poudre. Cette légende urbaine est largement relayée depuis des décennies dans le royaume, en particulier auprès des expatriés.
Ces propos jugés insultants pour les éleveurs et producteurs locaux. Face au tollé, Woody a présenté ses excuses, supprimé le teaser et suspendu la diffusion de l’interview, avant de publier une nouvelle émission avec des spécialistes du ministère de la Santé et de la FDA thaïlandaise.
Plusieurs experts ont ensuite pris la parole pour corriger les idées reçues. Jessada Denduangboripant, biologiste à l’université Chulalongkorn, a assuré que les standards thaïlandais sont « comparables à ceux de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande ». Selon lui, les niveaux de protéines, de matières grasses et de microbes respectent les normes internationales, et plusieurs pays de l’ASEAN importent déjà du lait thaïlandais.
Même son de cloche du côté de Chalat Santivarangkna, directeur de l’Institut de nutrition de l’université Mahidol. Il rappelle que l’industrie laitière thaïlandaise est « très avancée » et que les différences de goût perçues par les consommateurs viennent souvent du taux de matière grasse, légèrement plus bas en Thaïlande (3,2 % contre 3,5 % dans certains pays).
Les accusations de mélanges non déclarés ou d’additifs illégaux ont également été démenties. Les deux experts soulignent que le lait est l’un des produits les plus strictement contrôlés, notamment parce qu’il est largement consommé par les enfants. Conservateurs et édulcorants artificiels y sont interdits. Quant au lait en poudre, Jessada rappelle qu’il s’agit simplement de lait déshydraté, légal et nutritif.
La discussion a aussi ravivé les confusions entre allergie au lait et intolérance au lactose. Les spécialistes rappellent que l’intolérance provoque ballonnements et diarrhées, mais rarement des éruptions cutanées. Yoghourt, lait sans lactose ou petites quantités régulières peuvent aider les personnes concernées.
L’idée que les Asiatiques seraient tous allergiques ou intolérants au lait tient sans doute plus de la légende urbaine que du fait scientifique.
Enfin, les experts appellent à la prudence face aux informations virales. Entre croyances, intérêts commerciaux et simplifications excessives, ils invitent le public à vérifier les compétences des intervenants et à s’appuyer sur des preuves solides avant de tirer des conclusions.



