
Pichai Ratanadilok na Phuket, de l’Institut National d’Administration du Développement (NIDA), a exhorté Thaksin Shinawatra à cesser d’interférer en coulisses avec le Premier Ministre Srettha Thavisin. Pichai pense que l’omniprésence quasi hystérique de Thaksin nuit à la popularité du parti Pheu Thai.
L’agitation de Thaksin, 75 ans et marionnettiste bien connu, dévalorise Srettha car il donne l’impression de tout diriger. Cela crée des tensions au sein du parti où les militants de base sont mécontents.
Pichai pense que l’influence de Thaksin dans la gouvernance a un impact négatif sur la politique économique de Srettha, incapable de répondre aux attentes de la population. Il ajoute que Thaksin devrait prendre du recul et laisser Srettha diriger afin qu’il retrouve de l’autorité.
Selon Pichai, Thaksin serait à l’origine de l’initiative démagogique de portefeuille numérique de 10 000 bahts qui arrive trop tard et ne résoudra rien.
Pichai prévoit que Srettha sera acquitté par la Cour constitutionnelle dans quelques semaines car cela permettra au régime de le tenir encore mieux puisqu’il sera redevable à la « justice » de l’avoir épargné.
En revanche si Srettha est jugé coupable, il perd son poste de premier ministre et le pays est à nouveau plongé dans l’instabilité. Si tel était le cas, Thaksin devra éviter toute erreur qui mènerait à ce que son parti perde le poste. Au sein de Pheu Thai, Chaikasem Nitisiri serait le mieux placé devant Paetongtarn Shinawatra.
Plusieurs crocodiles rôdent et la visite de Thaksin au leader du Bumjaithai, Anutin Charnvirakul, brouille encore plus les pistes. Anutin affirme qu’il ne cherchera pas à récupérer le poste car ce ne serait pas « moral » puisqu’il est minoritaire dans la coalition.
Chez les putschistes de 2014, on n’a pas les mêmes pudeurs, Prawit Wongsuwan, 78 ans, bras droit de Prayut s’agite pour devenir premier ministre car, vu son âge et son état de santé, pour lui c’est « maintenant ou jamais ».
Cette hystérie toute aussi incongrue que celle de Thaksin exaspère au sein même de son parti Palang Pracharath (PPRP). Prawit a un partisan au sein du parti, un certain Samart Jenchaijitwanich mais, à ce stade le reste du parti se désolidarise de Samart et donc de Prawit. Les députés se mobilisent même désormais pour expulser Samart.
La volonté de Prawit de risquer l’unité de son parti pour ses ambitions a aliéné de nombreuses personnes au sein de Palang Pracharath. L’expulsion de Samart et l’éclatement potentiel du parti constituent des risques réels. Pour le parti mais aussi pour la coalition. Prawit semble prêt à tout sacrifier pour devenir le 31e Premier ministre thaïlandais, même si cela signifie la disparition du parti qu’il a aidé à construire.
Pour mémoire, Prawit est soupçonné (par Thaksin mais pas que) d’avoir organisé l’affaire lancée par 40 sénateurs qu’il a nommés pour faire tomber Srettha.
Cependant Prawit et Thaksin seront également enchantés si le parti Future Forward est dissous. « Puisque le peuple vote contre le Gouvernement, il faut dissoudre le peuple » Bertolt Brecht.
Enfin, on apprenait samedi, par des sources bien informées mais évidemment anonymes, pourquoi Thaksin a demandé à se rendre à Dubaï cette semaine, une requête pour le moins incongrue. Il semble qu’il veuille mettre de la distance, au sens propre du terme, entre lui et le régime qui le harcèle pour remplacer Srettha par Anutin, proche de ce régime. Srettha ne sera sans doute pas démis mais le régime n’en a cure, il veut un proche au pouvoir même si Anutin, de son propre aveu, n’est pas légitime et ne représente pas les Thaïlandais. Thaksin pourrait ordonner à Srettha de se retirer. A ce jour, le Thaksin et le Pheu Thai résistent à cet ultimatum du régime.
Anutin pourrait se retrouver premier ministre à l’insu de son plein gré.