
C’est une rengaine bien connue des professionnels du tourisme en Thaïlande : la fameuse taxe de 300 bahts par visiteur étranger, censée financer l’assurance des voyageurs et les infrastructures touristiques, refait surface. Cette fois, c’est le nouveau ministre du Tourisme, Artthakorn Sirilatthayakorn, qui jure qu’elle sera enfin appliquée… avant la fin de son mandat de quatre mois.
Mais difficile de ne pas y voir une énième volteface. Depuis sa première apparition en 2020, la taxe a été approuvée par le cabinet en février 2023, étudiée, chiffrée, débattue… sans jamais être mise en œuvre. Quatre ministres se sont succédé sans oser franchir le pas, invoquant tour à tour la crainte d’un impact négatif sur l’image du pays ou sur la fréquentation touristique.
Le dernier en date, Sorawong Thienthong, avait promis une entrée en vigueur avant fin 2025, avant de se rétracter. Aujourd’hui, Artthakorn reprend le flambeau, tout en reconnaissant que la mesure pourrait susciter des réticences. Il insiste sur la nécessité de bien “communiquer les bénéfices” aux visiteurs, comme si dépenser 8 euros de plus pourrait les inciter à changer de destination. Par ailleurs, si la taxe est incluse dans le prix du billet d’avion, comme c’est le cas dans de nombreux autres pays, les passagers n’en ont pas conscience.
Le tarif reste inchangé : 300 bahts pour les arrivées par avion, 150 bahts par voie terrestre ou maritime. Mais à l’heure où la Thaïlande peine à retrouver ses niveaux d’avant-Covid — avec 33,4 millions de visiteurs attendus en 2025 contre 35,5 millions en 2024 — le gouvernement semble hésiter.
Le ministre promet aussi de relancer les dépenses et les arrivées via de nouvelles campagnes au quatrième trimestre, tout en finalisant un programme de subventions pour le tourisme domestique. Mais aucune cible chiffrée n’a été dévoilée.
En attendant, la taxe touristique reste un serpent de mer. Chaque nouveau ministre la brandit comme une priorité, avant de reculer face aux pressions. Artthakorn parviendra-t-il à briser le cycle ? Rien n’est moins sûr.
Rappelons que justifier cette taxe par les frais médicaux laissés par quelques touristes accidentés sans ressources ne résiste pas à l’analyse. Rapportés au nombre total de visiteurs étrangers, ces coûts représentent à peine une dizaine de bahts par personne. En revanche, les 290 bahts restants pourraient être bien mieux investis dans le développement d’infrastructures et d’attractions touristiques, à l’image de la stratégie adoptée par le Vietnam.