Article rédigé à partir des analyses d’experts des meilleurs médias thaïlandais.
L’intention de l’ancien premier ministre Thaksin Shinawatra de revenir en Thaïlande après 17 ans d’exil volontaire le 10 août n’a pas changé, selon des sources du parti Pheu Thai et de la police royale thaïlandaise (RTP).
Il doit arriver à l’aéroport de Don Mueang à 10h30. Pourtant, Jatuporn Prompan et Chuvit Kamolwisit, ont insisté sur le fait qu’ils avaient des raisons de croire que le retour de Thaksin n’était que du vent.
Le Parti Pheu Thai a diffusé une série de clips vidéo sur sa page Facebook relatant ses succès et les coups d’état dont Thaksin a été victime.
Linthiporn Warinwatchararoj, porte parole du parti a affirmé qu’il n’y avait pas de changement entre les huit partis, emmenés par le parti Move Forward (MFP), qui a confié au parti Pheu Thai la tâche de mettre en place une nouvelle administration.
Selon la police et tout observateur attentif Si un candidat du parti Pheu Thai est élu premier ministre le 4 août et dirige la formation réussie d’un gouvernement, Thaksin se sentira confiant quant à son retour. Ceux qui ne croient pas au retour de Thaksin le 10, spéculent sur le fait que 3e tour ne donnera rien et qu’il faudra un 4e tour pour élire le premier ministre.
Ils pensent aussi que Thaksin n’a pas obtenu suffisamment de garanties quant au confort de sa cellule (hôpital de luxe ou de la prison ?) et quant à sa grâce royale.
Quand Thaksin Shinawatra a quitté la Thaïlande, Pita Limjaroenrat était encore étudiant, les smartphones balbutiaient ; Twitter, YouTube et Facebook débutaient ; et Manchester City (acheté par Thaksin à cette époque) n’était qu’un « voisin bruyant » de Manchester United. Et Le roi Rama IX régnait sur la Thaïlande.
Le Thaksin qui pourrait rentrer le 10 août, est-il le même Thaksin qui a fui en 2008 ? Et La Thaïlande comment a-t-elle changé en 15 ans ?
L’émergence de Move Forward a recentré Thaksin , qui a également dilué son propre extrémisme en vieillissant. Mais le problème fondamental reste le même, le régime n’accepte pas la « légitimité » de la « majorité ». Thaksin a été persécuté en son temps en raison de sa trop grande popularité qui faisait de l’ombre à certains.
Les soutiens de Thaksin acceptaient sa corruption car cela ne l’empêchaient pas d’être efficace.
Pita tente d’éliminer la corruption de l’équation mais il se heurte également au régime qui ne supporte toujours pas qui gagne le cœur des électeurs.
Thaksin a donné naissance à Pita. Le renversement du premier a contribué au soulèvement des chemises rouges en 2010 et a installé Yingluck Shinawatra au poste de Premier ministre en 2011, aboutissant à sa destitution en 2014 par le coup d’État de Chan-o-cha, puis le Future Forward dirigé par Thanatorn Juangroongruangkit a été fondé. Après que la « justice » aux ordres a éliminé Thanathorn, Move Forward est né et a nommé Pita comme son chef.
Thaksin et Pita sont les héritiers d’un camp dans une confrontation entre deux forces politiques qui ont pris le dessus à tour de rôle depuis 1932. Le nœud de la bataille est la question de savoir si la Thaïlande peut avoir une véritable démocratie. Alors que la rhétorique politique divise la Thaïlande en un camp « pro-démocratie » et en partisans de la « dictature », la vérité est que depuis plus de 90 ans , les Thaïlandais sont incapables de s’entendre sur « Comment ? », « Où ? » et « Quand ? ? » une autonomie constructive et juste peut se produire .
Thaksin et Pita sont dans le camp du « Ici et maintenant ». Le côté opposé veut aller lentement (90 ans, c’est très lentement) pour éviter des catastrophes supposées.
Mais maintenant, Thaksin et Pita sont rivaux. Pheu Thai doit donc tout faire pour qu’ils se différencient. Et Deux mois et demi après les élections, on voit le Pheu Thai basculer vers le pôle conservateur de l’échiquier politique.
Alors que le parti politique royaliste conservateur traditionnel, le Parti démocrate, est à l’agonie, vendredi, les deux principaux candidats du Pheu Thai, Srettha Thavisin et Paetongtarn Shinawatra, faisaient ostensiblement la queue pour saluer le véhicule royal de Leurs Majestés le Roi et Reine au Grand Palais à l’occasion du 71e anniversaire du Roi.
Pendant ce temps, les principales pom-pom girls du Pheu Thai comme Kham Phaka et Peemai Sirikul affirmaient que les partisans Pheu Thai en chemise rouge sont et ont toujours été royalistes. Rien ne pourrait être plus éloigné de la vérité.
Les chemises rouges ont toujours été en désaccord avec l’armée, qui a organisé deux coups d’État militaires pour évincer leurs dirigeants politiques, Thaksin Shinawatra en 2006, puis l’administration Yingluck Shinawatra en 2014 – les putschistes ont toujours cité la nécessité de protéger l’institution monarchique.
Les membres des chemises rouges ont été poursuivis et emprisonnés en vertu de la loi de lèse-majesté. Les exemples sont nombreux. Certains « chemises rouges » ont fui en exil, en France par exemple.
Si en 2023, le parti Pheu Thai s’affirme royaliste conservateur c’est qu’il ne peut pas se permettre d’être considéré comme une menace pour l’establishment et devra obtenir le soutien des partis pro-junte et des sénateurs nommés par la junte afin d’obtenir le siège de Premier ministre.
Maintenant il existe une menace perçue beaucoup plus grande pour l’establishment, Move Forward, qui est le seul grand parti politique à s’engager à réformer la loi sur lèse-majesté sans réformer l’institution monarchique elle-même. (MFP est le seul grand parti à n’avoir publié aucun message le jour de l’anniversaire du roi vendredi)
Move Forward promet également de briser l’oligarchie du secteur de l’énergie pour rendre plus abordable le coût de l’électricité, de décentraliser et de faire élire les gouverneurs, sapant ainsi les intérêts du ministère de l’Intérieur.
La réforme militaire, y compris la fin de la conscription obligatoire et la réduction du nombre pléthorique de généraux, la rupture du quasi monopole de l’industrie de l’alcool etc, il n’est pas difficile de comprendre pourquoi MFP est maintenant le nouvel et principal ennemi du statu quo qui fait paraître le Parti Pheu Thai conservateur en comparaison.
Le régime a besoin que Pheu Thai soit de son côté pour tenter d’isoler et d’arrêter la montée de Move Forward, qui est extrêmement populaire parmi les jeune. Diviser pour mieux régner. D’ailleurs les dirigeants du Pheu Thai pensent qu’il est temps de se tourner vers la droite car ils ne peuvent plus rivaliser avec Move Forward dans la surenchère à gauche.
Thaksin quant à lui voudrait faire partie de l’establishment s’il n’est pas finalement poignardé dans le dos et trahi par les élites établies.
Qui a le plus besoin de l’autre ? Le régime ou Thaksin ?
Le Pheu Thai semble donc vouloir remplacer le Parti démocrate comme parti conservateur royaliste. Si l’on en croit l’expérience du PD laminé, ce n’est pas une bonne stratégie.
De son côté, Le parti Move Forward (MFP) a rejeté les spéculations selon lesquelles il serait exclu d’un nouveau gouvernement dirigé par le Pheu Thai, insistant sur le fait que l’unité entre les huit partis de la coalition reste intacte.
Selon des sources, la dernière configuration possible d’un nouveau gouvernement a émergé, comprenant toujours les alliés de la coalition d’origine mais avec les partis Bhumjaithai et Chartthaipattana également invités à se joindre. Le Palang Pracharath Party (PPRP) et le United Thai Nation Party (UTN) resteraient exclus.
Dans ce scénario, Srettha Thavisin, candidat PM du Pheu Thai, serait nommé pour le prochain vote au parlement vendredi.
Avec le soutien de 71 députés de Bhumjaithai et 10 de Chartthaipattana ainsi que des 312 députés du bloc original des huit partis, M. Srettha obtiendrait 393 voix, ce qui serait plus que suffisant pour le voir devenir Premier ministre.
Cependant, les observateurs estiment que si Bhumjaithai, radicalement opposé au MFP, rejoignait la coalition, le MFP déciderait de se détacher du bloc et de rester dans l’opposition mais voterait toujours pour Srettha vendredi.
Le MFP a déjà déposé des plaintes contre des ministres Bhumjaithai, les accusant de corruption, tandis que Bhumjaithai a clairement indiqué qu’il ne rejoindrait pas un gouvernement si le MFP en faisait partie.
Cependant, si le MFP se retire de la coalition, le Pheu Thai pourrait inviter le PPRP, ainsi que le Parti démocrate et l’UTN à rejoindre la coalition (toute la droite).
En revanche que Bhumjaithai prenne en charge la formation d’un gouvernement incluant PT et pas MF semble lunaire.
Le secrétaire général du Pheu Thai, Prasert Chantararuangthong, a déclaré dimanche que les alliés de la coalition discuteraient avant le vote de vendredi.
Si MF fait encore partie de la coalition vendredi, PT présentera un second couteau car il est certain de se faire battre, puis MF sortira de la coalition et le vrai candidat PT sera élu au 4e tour.
Si MF quitte la coalition ces jours-ci, Srettha peut être élu dès vendredi et cela facilitera le retour de Thaksin.
De modestes manifestations pro-démocratie ont eu lieu ces derniers jours pour envoyer un message au sénat et aux institutions nommés par la junte et aux putschistes. « ห » pour « เห็นหัวประชาชน » ou « respecter les gens »
La plupart des Thaïlandais pensent que Move Forward a échoué à faire nommé Pita Limjaroenrat au poste de Premier ministre en raison de son intransigeance selon un sondage Nida Poll.
Le sondage a été réalisé du 24 au 26 juillet auprès de 1 310 personnes représentatives
Lorsqu’on a demandé quelles erreurs avaient conduit à l’échec du MFP :
• 42,98 % refus du MFP de faire des compromis en échange d’un soutien accru
• 30,46 % le MFP n’a pas fait d’erreurs
• 27,56 % le MFP victime du jeu politique au parlement
• 11,68 % le MFP ostracisé, ce qui l’empêchait d’avoir des alliés politiques
• 10,23 % le MFP ne comprend rien à la culture politique thaïlandaise
• 9,54 % le MFP n’a pas été assez attentif aux qualifications de son candidat au poste de premier ministre (affaire iTV)
• 7,94 % le MFP s’était fait beaucoup d’ennemis politiques
• 7,86 % le comportement de certains de ses partisans a nui au MFP
• 7,56 % le MFP s’appuie trop sur ses fans
• 6,11 % le MFP trop suffisant avec ses 14 millions de votes et ses 151 députés
• 5,88 % les conseillers du MFP avaient mal évalué la situation
• 0,53 % pas intéressés
Lorsqu’on leur a demandé si des protestations éclateraient si le MFP se retrouvait dans l’opposition, les réponses ont été :
• 35,19 % ont déclaré qu’il y aurait des rassemblements majeurs, mais contrôlables
• 24,81 % ont déclaré qu’il y aurait de petits rassemblements contrôlables
• 23,16 % des rassemblements majeurs qui pourraient devenir incontrôlables
• 11,99 % ont déclaré qu’il n’y aurait pas de manifestations
• 2,90 % de petits rassemblements, mais qu’ils seraient incontrôlables
• 1,45 % pas intéressés
Le parti Palang Pracharath (PPRP), qui dirige le gouvernement intérimaire, accepterait de rejoindre le prochain gouvernement de coalition s’il y était invité, a déclaré son secrétaire général Thamanat Prompow, très proche de Prawit.
Lorsqu’on lui a demandé si des partis en dehors de l’alliance des huit partis voteraient pour un candidat au poste de Premier ministre du Pheu Thai, le capitaine Thamanat n’a pas donné de réponse.
Le capitaine Thamanat a nié que son retour en tant que secrétaire général du PPRP visait à préparer le parti à rejoindre le prochain gouvernement de coalition.
Interrogé sur la possibilité que le PPRP travaille avec le Pheu Thai, il a déclaré que les députés du PPRP étaient auparavant affiliés au Pheu Thai (avant d’être « achetés » par Thamanat), de sorte que le PPRP n’aura aucun problème s’il rejoint le prochain gouvernement de coalition.
Le capitaine Thamanat faisait partie des 21 anciens députés du PPRP qui ont été expulsés du parti pour avoir tenté de faire tomber Prayut lors du vote d’une motion de censure. Il est revenu au début de cette année. Le PPRP a remporté 40 sièges lors des élections, se classant 4e après le MFP, le Pheu Thai et Bhumjaithai.
Le chef du parti Phalang Pracharath, réélu samedi à ce poste, le général Prawit Wongsuwan, a nommé son jeune frère, le général Pol Patcharawat Wongsuwan, au poste de conseiller en chef du parti.
Le secrétaire général Thammanat Prompao (détenu 4 ans dans les prisons australiennes pour trafic de drogue) a promis qu’il n’achèterait pas de député Move Forward comme la rumeur court actuellement. Si on observe des défections, il faudra donc croire que ces hommes politiques passent de la gauche à la droite par pure conviction.
Ce lundi, on annonce que Srettha Thavisin sera nommé pour le poste de Premier ministre lors du vote le 4 août, selon le député Pheu Thai de Phayao, Wisut Chainaroon.
Les partenaires de la coalition devraient se rencontrer avant le vote vers les 2 et 3 août. Les chefs du Sénat, la coalition des 8 partis et la précédente coalition au pouvoir se réuniront le 3 août pour discuter du vote du Premier ministre.
La Cour constitutionnelle se réunit également le 3 août pour décider si elle acceptera la requête de Move Forward qui conteste le 2e tour.
Les vidéos à la gloire de Pheu Thai et de la famille Shinawatra
