
La Thaïlande vient de remporter une victoire majeure dans sa longue bataille pour récupérer son patrimoine culturel dispersé à l’étranger. Les États‑Unis ont officiellement restitué quatre sculptures en bronze âgées de plus de 1 200 ans, connues sous le nom de groupe Prasat Phokhon Chai, lors d’une cérémonie organisée au Asian Art Museum de San Francisco.
Ces pièces exceptionnelles — trois Bodhisattvas et une statue du Bouddha — proviennent de sites archéologiques situés dans l’actuelle province de Buriram. Elles avaient quitté illégalement le pays dans les années 1960 avant de circuler entre collectionneurs privés et institutions internationales. Leur retour en Thaïlande est prévu d’ici la fin du mois.
Cette restitution est l’aboutissement de plusieurs années d’enquête. Le tournant décisif a eu lieu en avril 2025, lorsque David Kellar, enquêteur du Homeland Security Investigations (HSI), a informé le Département thaïlandais des Beaux‑Arts que le musée de San Francisco avait voté la désaffectation officielle des œuvres, ouvrant la voie à leur rapatriement. Ces sculptures étaient répertoriées depuis 2018 sur la liste des antiquités thaïlandaises activement recherchées.
La cérémonie du 8 décembre a réuni une délégation thaïlandaise menée par l’ambassadeur Suriya Chindawongse, accompagnée du consul général Tor Saralamp et du maire de San Francisco, Daniel Lurie. La ministre thaïlandaise de la Culture, Sabida Thaiseth, a salué un « retour historique », rappelant que ces bronzes datent des XIIIe et XIVe siècles bouddhiques et constituent des témoins essentiels de l’art ancien du Nord‑Est thaïlandais. La ministre parvient à ne pas prononcer le mot khmer concernant ces antiquités.
Après la cérémonie, Nittaya Kanokmongkol, directrice du Musée national de Thaïlande, a supervisé l’inspection et l’emballage des sculptures en vue de leur transport sécurisé. Une étape cruciale pour garantir que ces pièces, fragilisées par des décennies de déplacements, arrivent intactes en Thaïlande.
Cette restitution s’inscrit dans un mouvement plus large de coopération internationale visant à lutter contre le trafic d’antiquités. Pour Bangkok, c’est un signal fort : les œuvres pillées ne sont plus hors d’atteinte. Et pour les musées occidentaux, un rappel que la provenance des collections est désormais scrutée de près.
Un retour symbolique, mais aussi profondément culturel, qui reconnecte la Thaïlande à une part essentielle de son histoire, souvent intimement liée à celle de l’empire khmer.


