Tous les regards sont tournés vers la capacité du nouveau ministre de la Défense, Sutin Klungsang, à travailler de manière fluide avec l’armée pour assurer la stabilité du gouvernement de coalition dirigé par Pheu Thai.
Civil supervisant les affaires militaires, M. Sutin devra s’attaquer à la réforme militaire, les troubles dans le Sud ainsi que les relations militaires avec les autres pays de la région.
M. Sutin est le premier civil à occuper le poste de ministre de la Défense sans être simultanément Premier ministre.
Les anciens ministres de la Défense / Premier ministre sont M. Seni Pramoj, Chuan Leekpai, Samak Sundaravej, Somchai Wongsawat et Yingluck Shinawatra.
Les observateurs affirment que l’ancien Premier ministre emprisonné Thaksin Shinawatra, leader de facto de Pheu Thai, veut s’assurer que l’armée ne constitue pas une menace pour le gouvernement et veut empêcher de futurs coups d’État.
L’administration Thaksin a été renversée lors d’un coup d’État en 2006 avant que celle dirigée par Yingluck, sa sœur cadette, ne connaisse le même sort en 2014. Ainsi, Thaksin n’a pas confiance dans l’armée, selon des sources militaires.
Il veut un contrôle civil des forces armées au sein du gouvernement et souhaite atténuer l’influence des putschistes de 2014, Prayut Chan-o-cha, Prawit Wongsuwon et Anupong Paojinda, toujours pas été inquiétés par la justice.
Le général Vit Thephasdin Na Ayutthaya, proche de Prawit, et le général Natthapon Nakpanich, proche de Prayut, avaient déjà été pressentis pour occuper le poste de ministre de la Défense, ont déclaré des sources.
Mais M. Sutin, député Pheu Thai de Maha Sarakham, a finalement été choisi « Pheu Thai [sur instruction de Thaksin] a choisi M. Sutin pour montrer qu’un civil peut aussi diriger le ministère de la Défense », ont indiqué les sources.
Cependant, un compromis a été trouvé puisque le général Natthapon devrait exercer les fonctions de secrétaire général du ministre de la Défense.
Par ailleurs, le vice-Premier ministre Phumtham Wechayachai, un autre civil, devrait également être chargé de la sécurité nationale. M. Phumtham, qui est également ministre du Commerce, est très proche de Thaksin.
Tous les regards sont également tournés vers les efforts du gouvernement pour restaurer la paix dans le Sud profond et vers celui qui sera nommé pour remplacer le général Wanlop Rugsanoh, chef des négociateurs du gouvernement.
Le général Wanlop, nommé par Prayut, a dû démissionner lorsque ce dernier a quitté ses fonctions.
Des sources ont déclaré que le Premier ministre Srettha Thavisin préfère qu’un civil soit chargé du processus de paix, même s’il n’est pas facile de trouver un individu compétent et expérimenté pour ce rôle aussi spécialisé.
Les forces armées ne sont pas d’accord et souhaitent qu’un ancien officier supérieur ayant une expérience dans la région prenne la relève de Wanlop.
Si M. Srettha choisit un civil pour occuper ce poste, cela confirmera la volonté du gouvernement de diminuer l’influence de l’armée, ont indiqué les sources.
Selon le Dr Prommin Lertsuridej, secrétaire général du Premier ministre : « Il n’y a aucun motif caché derrière la nomination d’un civil au poste de ministre de la Défense. Ceci est conforme aux pratiques internationales. »
Le Dr Prommin, proche de Thaksin, a nié qu’une telle nomination a pour but d’empêcher de futurs coups d’État, affirmant que tous les Thaïlandais devraient se serrer les coudes pour empêcher les coups d’État. Mais, si l’armée veut fomenter un énième coup d’état, elle le fomentera.
Les sources ont ajouté qu’il reste à voir si le gouvernement tentera de modifier une loi du ministère de la Défense (2008) pour supprimer le comité chargé de nommer les généraux. Cela permettrait au ministre de la Défense de prendre en charge la nomination des généraux.
Le comité comprend le chef des forces de défense, les chefs des 3 corps d’armée, le secrétaire permanent à la défense, total cinq voix, tandis que le ministre de la défense et son vice-ministre, civils, ne disposent que de deux voix.
Actuellement, le ministre de la Défense, M. Sutin, n’a pas de vice-ministre et ne dispose donc que d’une seule voix.
Plus important encore : le gouvernement va-t-il dissoudre le Commandement des opérations de sécurité intérieure (Isoc), comme Thaksin l’a fait lorsqu’il était Premier ministre ? Après le coup d’État de 2006, l’Isoc dissous a été relancé.
M. Sutin a déclaré que la décision devrait être laissée au Premier ministre, qui est le chef de l’Isoc. La feuille de route de l’Isoc (entre armée et police) est suffisamment floue pour lui permettre de faire à peu près tout ce qu’il veut.
Panitan Wattanayagorn, un expert en sécurité, a déclaré que le nouveau ministre de la Défense devra faire face à de nombreux défis. « Il devra décider comment réduire les forces armées, mettre fin à la conscription militaire, aux troubles dans le sud et comment gérer l’achat controversé de sous-marins.
A l’international, Le ministère des Affaires étrangères ne peut pas soutenir seul les efforts visant à mettre fin à la crise au Myanmar, le ministère de la Défense doit aussi aider la Thaïlande à regagner le respect international, a déclaré M. Panitan.
Le ministre de la Défense devra gérer les relations avec l’armée américaine, car il est nécessaire de maintenir un équilibre entre les États-Unis et la Chine pour garantir que la Thaïlande ne soit pas amenée à prendre parti, a-t-il déclaré.
