L’aide numérique de 14 milliards de dollars de la Thaïlande est un antidote à la « crise » économique selon le conseiller du Premier ministre
Le nouveau gouvernement thaïlandais utilisera son plan d’aide numérique controversé pour sortir de ce qu’il appelle une « crise » économique sans procéder à des réductions majeures ou affecter sa cote de crédit, a déclaré un conseiller gouvernemental de haut rang.
La politique de relance de 500 milliards de bahts (13,87 milliards de dollars), signée par le Premier ministre Srettha Thavisin, a fait l’objet de critiques, car on craint qu’elle n’alimente l’inflation et qu’elle n’ait un impact négatif sur la situation budgétaire de la deuxième plus grande économie d’Asie du Sud-Est.
Prommin Lertsuridej, chef de cabinet de M. Srettha, a toutefois déclaré que ce programme était essentiel pour relancer une économie léthargique, à la traîne des autres pays de la région depuis la pandémie, et pour atteindre une croissance moyenne de 5 % par an.
« Nous ne nous contentons pas de l’imaginer. Je peux vous donner les chiffres », a déclaré M. Prommin à Reuters, en évoquant des données économiques peu reluisantes et en décrivant à plusieurs reprises l’économie comme étant en état de « crise ».
L’économie thaïlandaise n’a progressé que de 1,8 % en glissement annuel au deuxième trimestre, ce qui représente un net ralentissement par rapport au trimestre précédent, en raison de la faiblesse des exportations qui a compromis la reprise du secteur crucial du tourisme.
« Si vous considérez qu’il s’agit d’une crise, alors vous devez proposer une loi », a-t-il déclaré, faisant référence au projet du gouvernement de soumettre un projet de loi au parlement pour emprunter de l’argent afin de financer le programme.
Ce programme populiste permettra à environ 50 millions des 70 millions d’habitants de la Thaïlande de recevoir des paiements numériques de 10 000 bahts (279 dollars) à dépenser dans leur localité dans un délai de six mois, à compter de mai 2024.
Les personnes qui gagnent plus de 70 000 bahts (1 941 dollars) par mois ou dont l’épargne nette est inférieure à 500 000 bahts sont exclues.
L’administration de Srettha s’attend à ce qu’environ 40 % des bénéficiaires combinent l’aide avec d’autres membres de la famille pour lancer une nouvelle entreprise ou construire une maison, selon une présentation du gouvernement vue par Reuters.
Le gouvernement ne procédera à aucune réduction majeure de ses plans de dépenses budgétaires pour financer l’aide, et espère rembourser environ 100 milliards de bahts chaque année grâce à l’augmentation des recettes de l’État à mesure que l’économie se développe, a déclaré Prommin.
Le plan a également été discuté avec la banque centrale, qui a suggéré quelques ajustements, et n’aura pas d’impact sur la position fiscale du pays ou sur ses notations de crédit, a-t-il ajouté.
Mais certains analystes sont sceptiques, tout comme certains législateurs de l’opposition qui ont attaqué le parti au pouvoir, le Pheu Thai, pour avoir risqué d’enfreindre la réglementation fiscale thaïlandaise.
« Nous pensons que les perspectives budgétaires de la Thaïlande resteront incertaines pour le reste de l’année », a déclaré Tim Leelahaphan, économiste à la Standard Chartered Bank en Thaïlande.
« En outre, la capacité du gouvernement dirigé par le Pheu Thai à mettre en œuvre les politiques économiques qu’il a promises, y compris le plan d’aide, n’a pas encore été évaluée, ce qui ajoute à l’incertitude budgétaire. »
Le slogan choisi par le Premier ministre Srettha Thavisin pour son administration est «Le champ des possibles ».
Le slogan est joli traduit en français mais les observateurs (comme Ken Mathis Lohatepanont de THAI INQUIRER repris ici) ne le voient que comme un slogan. Ils savaient que Srettha serait incapable de faire une percée dans l’opinion publique puisqu’il est n’a eu droit à aucun état de grâce porté au pouvoir par le « régime » contre la volonté des électeurs.
Il n’était pas surprenant que Srettha et le parti Pheu Thai se concentrent sur une série de « victoires rapides ». Les factures d’énergie et certains billets de train ont été rapidement réduits et des exemption de visa pour davantage de ressortissants étrangers ont été mises en place pour relancer le tourisme.
Ces mesures rapides que Prayut n’imaginait même pas étaient importantes, mais le vrai défi c’est la distribution de 10 000 bahts que le parti Pheu Thai avait annoncé comme sa promesse politique phare lors des élections.
Srettha a rompu sa propre promesse préélectorale selon laquelle le gouvernement n’emprunterait pas d’argent pour financer cette politique. Il reconnaît désormais qu’un emprunt en vertu d’un décret royal sera nécessaire.
Étant donné que Pheu Thai a trahi de nombreuses promesses pour accéder au pouvoir, il n’est guère surprenant d’en rompre une de plus. Mais Srettha se heurte ici à deux autres obstacles. Premièrement, il est difficile d’expliquer un tel emprunt pour financer une aide ponctuelle.
Deuxièmement, les critiques de tous bords politiques se demandent désormais si le projet de loi d’emprunt sera légal ou non.
Cela dit, le gouvernement de Srettha dispose des voix nécessaires pour qu’un tel projet de loi soit adopté, s’il résiste à l’examen juridique.
Il est trop tôt pour dire comment se déroulera le mandat de Srettha. Son gouvernement est encore jeune ; il n’a même pas atteint la barre des 100 jours. Mais l’accent mis sur cette politique inconsidérée de distribution de 10 000 bahts menace de faire oublier tous ses autres projets, plutôt intéressants.
Pour l’instant, Srettha fait totalement l’impasse sur un développement humain de la Thailande et mise tout sur l’étranger. Les touristes avec des facilités de visas. Les investisseurs qu’ils courtisent comme un VRP au point qu’il n’est plus jamais en Thailande.
Srettha ne semble avoir aucune confiance dans les capacités des Thaïlandais. Il a tort. Avec une vraie éducation, une formation professionnelle et la liberté d’innover, la population pourrait exprimer son potentiel.